Avec 95,19% des voix selon le dernier décompte partiel publié mardi, Teodoro Obiang Nguema est assuré de sa réélection à la tête de la Guinée équatoriale, qu’il dirige depuis 1979. Ce petit pays d’Afrique centrale est gangréné par une corruption endémique, en particulier parmi les proches du pouvoir.
C’est finalement avec 95,19% des voix que le Président Teodoro Obiang Nguema a été réélu à la tête de la Guinée équatoriale. Le ministère de l’Intérieur a en effet annoncé ce mardi les résultats quasi définitifs. Les résultats complets devront encore attendre jeudi. Au pouvoir depuis 30 ans, Obiang règne sans partage sur ce petit Etat pétrolier de 616 000 habitants.
Une élection un peu trop parfaite
Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé lundi une campagne présidentielle dominée par le candidat-président. Les médias officiels ont, selon l’organisation, « chanté les louanges du président-candidat », en prenant « soin de très peu relayer les activités de l’opposition ». En termes de liberté de la presse, RSF classe la Guinée équatoriale à la 158e place sur 175.
Le Président Obiang, 67 ans, est peut-être toutefois un peu déçu par son score, lui qui déclarait dimanche dans un meeting qu’il allait sûrement emporter l’élection avec 97% des voix. Placido Mico Abogo, principal opposant, obtient selon les résultats actuels 4,05% des voix. Tous ces chiffres peuvent être mis en doute, puisque le nombre total de votants est légèrement supérieur au nombre d’électeurs inscrits sur les listes, comme l’a relevé mardi l’AFP.
Issu d’une carrière militaire, Teodoro Obiang Nguema est arrivé à la tête du pays en 1979, par un coup d’Etat contre son oncle, Francisco Macías Nguema. Il contrôle depuis le pays d’une main de fer, organisant pour la forme des élections qu’il remporte toujours avec un score supérieur à 95%. Obiang a depuis survécu à une douzaine de tentatives de coups d’Etat, dont quelques uns imaginaires.
Pétrole contre grosses voitures
Nombreuses sont les accusations de détournement contre ce pays classé 12e Etat le plus corrompu par Transparency International. L’argent de la manne pétrolière est au cœur des préoccupations, dans ce pays où d’importants gisements ont été découverts dans les années 1990. Une enquête a ainsi été menée à partir de 2004 par la Securities and Exchange Commission (SEC), l’agent de contrôle des marchés étasunien, sur l’existence de transactions douteuses sur des comptes de la Riggs Bank, à Washington (DC).
Selon la SEC, un total de 700 millions de dollars y a transféré au profit d’Obiang et de ses proches, en provenance des compagnies pétrolières ExxonMobil Corp, Amerada Hess Corp, ChevronTexaco, Devon Energy Corp et Marathon Oil Corp. La banque a été condamnée à une amende record de 16 millions de dollars pour avoir tu le détail des virements, et s’est finalement faite racheter.
Human Rights Watch a détaillé ces accusations de corruption dans un rapport sur la question du pétrole paru en juillet. La Guinée équatoriale est un pays « où les gens devraient avoir un revenu per capita équivalent à celui de l’Espagne ou de l’Italie », explique Arvind Ganesan, responsable de l’élaboration du document. C’est selon lui la corruption qui empêche que la situation économique de la population s’améliore. Le pays se situe à la 29e place mondiale en termes de PIB/habitant. Une situation qui est néanmoins enviable dans la région puisque le pays attire désormais de nombreux immigrés.
Parmi les abus financés par le biais des comptes de la Riggs Bank figure l’achat de deux manoirs en banlieue de Washington, pour 3,8 millions de dollars. Entre 2004 et 2006, le fils aîné d’Obiang, Theodorin, a quant à lui dépensé la modique somme de 43,5 millions de dollars pour des résidences de luxe ou des voitures de sport. Teodoro Obiang Nguema est enfin, avec feu Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso, l’un des trois présidents impliqué dans l’affaire française des biens mal acquis, pour laquelle la justice s’est déclarée incompétente à juger sur le fond.