La puissante et unique fédération syndicale du Nigeria, le Congrès du travail nigérian, a perdu son monopole. Le Président Olusegun Obasanjo a promulgué mercredi une loi mettant fin à une situation qui prévalait depuis 27 ans dans le pays. Cette libéralisation du paysage syndical national vise essentiellement à lutter contre un contre-pouvoir devenu gênant.
Le Président nigérian Olusegun Obasanjo a décidé de réformer entièrement le syndicalisme dans le pays où, jusque-là, tous les travailleurs avaient l’obligation d’être syndiqués et où tous les syndicats devaient adhérer à l’unique union syndicale nationale : le Nigerian Labour Congress (NLC – Congrès du travail nigérian). Le chef de l’Etat, qui entendait mettre un terme à ce contre-pouvoir devenu trop puissant, a tranché, mercredi, en promulguant une nouvelle loi cadre.
C’est Olusegun Obasanjo qui avait lui-même institué, en 1978, le NLC, comme la seule fédération de syndicat du pays, alors sous régime militaire[[<*>Olusegun Obasanjo, numéro deux de l’administration militaire du général Murtala Mohammed, accède au pouvoir après que ce dernier ait été assassiné lors d’une tentative de putsch menée par le colonel Bukar Dimka.]]. Mais le pouvoir du NLC était devenu peu à peu gênant. Il a été à l’origine, ces dernières années, de six grèves majeures. Notamment celle de novembre dernier, en protestation à la hausse du prix du pétrole, qui avait paralysé les principales villes du pays pendant près d’une semaine. Le Président avait accusé le NLC de vouloir instaurer » un gouvernement parallèle »
Pour un fonctionnement plus démocratique
« Nous forcions les gens à appartenir au syndicat parce que nous étions militaires. Nous sommes maintenant en démocratie et nous voulons que les Nigérians fassent les choses démocratiquement, mais le [NLC] ne veut pas être démocratique », expliquait l’année dernière le numéro un nigérian (source BBC). La nouvelle loi instaure donc la liberté de choix. Non seulement sur l’adhésion à un syndicat, désormais volontaire, mais également sur l’adhésion des différents syndicats à d’autres unions syndicales que le NLC.
Les nouvelles dispositions restreignent, par ailleurs, l’exercice du droit de grève dans les secteurs sensibles, comme ceux de la santé, de l’enseignement, de la lutte contre les incendies, de la sécurité, de l’énergie, de l’aviation et de l’eau. Comment vont concrètement réagir les dirigeants du NLC ? S’achemine-t-on vers un bras de fer ? Quoi qu’il arrive, il est sûr qu’ils ne vont pas rester les bras croisés à regarder leurs prérogatives être mises à mal par l’Etat.