La communauté antillaise et guyanaise s’associe à la joie immense des millions d’hommes et de femmes qui saluent l’accession de Barack OBAMA à la présidence des Etats-Unis d’Amérique. Il s’agit d’un événement historique majeur, car pour la première fois un « non-blanc » accède à aux responsabilités suprêmes des USA.
Obama appliquera certes, sur le plan économique, politique et militaire, le programme des démocrates américains. Celui qu’aurait probablement appliqué Hilary Clinton. Mais, dans ce pays qui, il y a moins de 50 ans, pratiquait le lynchage et la ségrégation raciale envers ses descendants d’esclaves, les Afro-Américains, c’est le signe d’une évolution certaine des mentalités pour la majorité des citoyens de ce pays, et ce quelle que soit la couleur de leur peau.
L’élection d’Obama annonce une révolution en marche dans les mentalités des américains d’origine européenne, les Euro-Américains, qui considèrent encore les descendants d’esclaves comme des inférieurs. Obama ne porte pas en lui le ressentiment de ces derniers envers la société américaine. Métis, de père noir Kenyan et d’une mère Euro – Américaine, il a été élevé par les parents de sa mère. Malgré son éducation et sa formation, son image renvoie à celle du « noir », qui le fait assimiler aux Afro-Américains, catégorie sociale défavorisée et décriée outre Atlantique.
Son élection est aussi une révolution pour les Afro-Américains, qui n’avaient aucune confiance dans la société américaine et qui ne participaient pas à sa vie politique malgré l’existence d’une bourgeoisie de descendants d’esclaves ayant accédé à des postes élevés du pouvoir politique et économique. Cette fois, les Afro-Américains ont contribué massivement à la victoire du candidat Barack OBAMA. Ils croient au changement du paysage politique états-unien promis par OBAMA, ils croient à une restauration possible de leur image. L’avenir politique du nouveau président sera en partie lié à l’amélioration de leur sort. Nous espérons qu’ils ne connaîtront, par son action, ni le mépris, ni le racisme pratiqué par les autorités américaines notamment après le passage du cyclone Katrina. Nous espérons que leur condition sociale (famille matrifocale, jeunesse détruite par la drogue et la prison), et leur condition économique connaissent une nette amélioration au cours de la mandature du nouveau président américain. Barack OBAMA ne sera pas un magicien de la politique, mais son élection crée des conditions politiques et psychologiques favorables au sort de millions d’américains descendants d’esclaves qui sans lui auraient pour horizon la misère. Mais, ce changement ne sera vraiment possible que s’ils croient dans leur propre avenir … Nous, Français, descendants d’esclaves, partageons l’espoir qui les anime.
Nous avons vécu avec eux les âpres combats de Rosa Parks, de Martin Luther King, de Malcom X, d’Angela Davis … et de combien d’autres plus anonymes. Malgré une réalité française profondément différente : pas d’esclavage ni d’apartheid pratiqués en France continentale, la loi faisant de nous des citoyens français à l’abolition …, nous comprenons leur souffrance, car la blessure personnelle liée à l’esclavage colonial que nous ressentons, nous est commune et constitutive de notre identité.
Dans un monde où la monstruosité du racisme anti-nègre* est toujours ancrée dans les esprits, l’élection d’un Américain métis à la tête des Etats-Unis hautement improbable, il y a quelques années, est bienvenue. Les Etats-Unis restant le pays le plus puissant du monde, nous souhaitons vivement que le président des Etats-Unis contribue à l’édification d’un monde plus juste, exécrant le racisme anti-nègre qui ronge l’âme de nos sociétés.
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