Barack Obama a fait, jeudi, au Caire, une allocution en forme de réconciliation avec le monde musulman. Il a estimé que le « cycle de la méfiance et de la discorde devait s’achever » et a exhorté Israël à suspendre la colonisation des territoires palestiniens. La veille, le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, avait reproché au président américain de suivre « les pas de son prédécesseur (Georges W. Bush) dans sa politique d’hostilité à l’égard des musulmans ».
Réconcilier l’Amérique avec le monde musulman. C’est le message qu’a voulu faire passer, jeudi, Barack Obama en Egypte. Dans son allocution prononcée au Caire, le président des Etats Unis a inauguré une nouvelle ère dans les relations entre son pays et les musulmans. « Je suis venu ici pour rechercher (…) un départ fondé sur l’intérêt et le respect mutuel », a-t-il lancé sous le dôme de la salle d’honneur de l’université du Caire, en présence de quelque 3000 personnes triées sur le volet. Avec Barack Obama, on est bien loin du mépris et de l’arrogance made in Bush. Pour le président américain, « le cycle de la méfiance et la discorde doit s’achever». L’Occident et le monde musulman doivent dorénavant affronter ensemble « l’extrémisme violent sous toutes ses formes ». A Ankhara, en Turquie, « j’ai dit clairement que les Etats-Unis n’étaient pas et ne seraient jamais en guerre contre l’islam », rappelle-t-il. Il ne veut pas que d’amalgame soit fait entre l’extrémisme religieux et l’islam.
La lutte contre les stéréotypes
En tant que chef d’Etat, l’une de «ses responsabilités», a-t-il déclaré, est de « lutter contre les stéréotypes de cette religion là où ils se trouvent ». Tout au long de son discours, Barack Obama a par ailleurs vanté les mérites de l’islam. « A travers l’histoire, l’Islam a démontré en paroles et en actes toutes les possibilités de la tolérance religieuse et de l’égalité raciale », précise-t-il. En tant que fils de Kenyan, descendant « d’une famille qui comprend des générations de musulmans », le chef d’Etat américain a rappelé sa connaissance de l’islam. Et après s’être fendu du traditionnel « Asalam alaikum » (que la paix soit avec vous) auprès de son auditoire, il a nourri son discours de passages du Coran.
L’enjeu du conflit israélo-palestinien
Néanmoins, Barack Obama ne se revendique pas pro-arabe. Sur le conflit israélo-palestinien, il prône le consensus. Le président a précisé que les Etats-Unis soutenaient les aspirations « légitimes » des Palestiniens à un Etat. Même s’il a rappelé « les liens forts » qui unissaient son pays à Israël, il a néanmoins exhorté l’Etat hébreu à cesser la colonisation dans les territoires palestiniens. Des propos salués par l’Autorité palestinienne. « C’est un discours clair et franc. Il constitue un pas politique novateur et un bon début sur lequel il faudra bâtir », a déclaré Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président palestinien, Mahmoud Abbas. Son allocution, selon lui, rompt avec « la précédente politique partiale » en faveur d’Israël. Les années Bush semblent être un lointain souvenir, quoiqu’en dise Oussama Ben Laden.
A la veille du discours du Caire, le chef d’Al-Qaïda avait critiqué le président américain : « Obama suit les pas de son prédécesseur dans sa politique d’hostilité à l’égard des musulmans (…) il pose ainsi les fondements des guerres de longue durée ». Des propos visant à discréditer le discours de Barack Obama. Mais il en faudrait plus pour déstabiliser le président américain qui a réussi à convaincre par sa bonne connaissance des réalités moyen-orientales. Même si le monde musulman attend aussi de lui que ses paroles se transforment en actes.