L’espoir renaît dans la nuit du 4 au 5 novembre 2008. Les Etats-Unis élisent le premier président noir de leur histoire. Du rire aux larmes, tout un pays célèbre le successeur de George W. Bush à la Maison Blanche. Un homme, dont les compétences finissent par éclipser la couleur de sa peau, qui promet de redresser et restaurer l’image de l’Amérique. Quatre ans plus-tard, cet espoir perd de sa superbe, mais les rêves subsistent. Edito.
D’une Amérique à terre à une Amérique debout. Barack Obama, lui qui rêvait d’une Amérique arc-en-ciel, a été élu principalement grâce aux votes des Blancs -représentant 60% de la population américaine-, 40% d’entre eux lui ont accordé leur voix. Dans la nuit du 4 au 5 novembre 2008, Les Etats-Unis renaissent de ses cendres en élisant le premier président noir de son histoire. Le pays tourne alors la page sombre des attentats du 11 septembre, pour célébrer la victoire d’un homme qui vante les vertus de l’espoir.
Le soir de son élection, à Chicago, le 44e président des Etats-Unis restaure le rêve américain, en rappelant le message fort que vient d’envoyer l’Amérique au reste du monde : le pays le plus puissant du monde a élu un président noir ! Ce sentiment d’avoir tourné les pages sombres de l’histoire américaine, l’esclavage et la ségrégation, émeut aux larmes le célèbre révérend et militant pour les droits civiques Jesse Jackson, qui fut candidat à la candidature démocrate à la présidentielle de 1984 et 1988.
La victoire de l’ancien sénateur de l’Illinois n’est pas seulement le triomphe d’un peuple mais de tout un pays, lassé des huit ans de présidence de George W. Bush. Le président (républicain) du « Patriot Act », une feuille de route belligérante qui a engagé les Etats-Unis dans plusieurs fronts, Afghanistan et Irak, pour traquer Oussama Ben Laden. C’est finalement Barack Obama qui coordonnera l’opération des forces spéciales qui permettra d’assassiner le commanditaire des attentats du 11 septembre.
Tout un symbole, le président Obama se chargera, tout au long de son mandat, de reconstruire les ruines de son prédécesseur. Au nouveau locataire de la Maison Blanche, de redresser économiquement les Etats-Unis foudroyés par la crise des subprimes, un système de prêts instauré par l’administration Bush qui plonge presque toute l’Europe en récession, ruine aux Etats-Unis l’économie des villes comme Detroit, Las Vegas ou Miami, et met plusieurs millions de familles américaines dans la rue.
Obama : le candidat du système contre le système
Comme la plupart des présidents américains, de temps moderne, Barack Obama est diplômé d’une université de la Ivy League, en l’occurrence Harvard. Bien que Noir et fils d’immigré Kényan, il fut un candidat du système. En 2004, les Kennedy, les Clinton, le tout-Hollywood et le lobby juif soutiennent sa candidature à l’élection présidentielle. Des précieux soutiens qui lui permettent de devenir président des Etats-Unis avec 9 millions de voix d’avance sur son concurrent républicain, John MacCain.
Ce qui n’a pas empêché le 44e président des Etats-Unis d’être un président anti-système. Son bilan en témoigne : réforme de Wall Street, Obamacare (réforme de la Santé) et suppression de « Don’t ask don’t tell » (une circulaire qui obligeait les militaires américains homosexuels de faire leur coming-out avant de s’engager dans l’armée). L’occupant actuel de la Maison Blanche a, par ailleurs, sauvé de la crise General Motors, symbole de l’industrie automobile américaine. Cette entreprise est l’un des premiers employeurs dans l’Ohio, un Etat clé qui préfigure l’élection présidentielle américaine.
Obama semble être, cette année, le candidat du peuple alors que Mitt Romney, milliardaire et soutenu par Wall Street, incarne une Amérique d’en haut ignorant l’Amérique d’en bas. Le candidat républicain, dont le programme économique reste favorable aux plus riches, fustige la réforme de la Santé -permettant à près de 30 millions de familles modestes d’avoir droit aux soins médicaux- et s’oppose à l’intervention fédérale. Or, cette même intervention fédérale a, récemment, permis de venir en aide à des millions d’Américains frappés par l’ouragan Sandy, qui a causé la mort de 88 personnes.
Obama et Romney s’affrontent donc sur une idée de l’Amérique. Pour sortir de cette Amérique coupée en deux, New-York d’un côté et le Kentucky de l’autre. En d’autres termes, l’Eldorado d’une part et de l’autre, le Tiers Monde. Les Américains devront, ainsi, voter Barack Obama, le mardi 6 novembre, s’ils espèrent encore et toujours réaliser leurs rêves.