Obama condamne l’homophobie en Ouganda


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Le président des Etats-Unis a qualifié jeudi d' »odieux » le projet de loi contre les homosexuels en Ouganda. Le parlement américain prépare une résolution condamnant le projet ougandais controversé. Le texte prévoit la peine de mort pour les auteurs de viol sur mineur de même sexe, et de punir toute discussion publique sur l’homosexualité.

« Nous pouvons ne pas être d’accord sur le mariage homosexuel, mais nous pouvons sûrement nous mettre d’accord sur le fait qu’il est impensable de viser des homosexuels et des lesbiennes pour ce qu’ils sont, que ce soit aux Etats-Unis ou (…) de façon plus extrême dans des projets de loi odieux qui ont été présentés, le plus récemment en Ouganda », a affirmé Barack Obama jeudi.

Les déclarations du président des Etats-Unis, à l’occasion d’un petit déjeuner organisé par un groupe chrétien à Washington, interviennent au lendemain du dépôt devant la Chambre des représentants américaine d’une résolution condamnant le projet ougandais controversé. Cette résolution du Congrès, soutenue par des parlementaires démocrates et républicains, établirait notamment que chacun « possède une dignité humaine intrinsèque, quelle que soit son orientation sexuelle, et partage des droits humains fondamentaux ». Le projet de loi ougandais « présente une menace grave pour la vie, la liberté, et la sécurité de la personne, et établirait un précédent fâcheux s’il était adopté », poursuit le texte.

L’Ouganda a été critiquée par de nombreux pays et ONG, notamment l’Union européenne et les Etats-Unis, qui ont appelé le président Yoweri Museveni à mettre son veto au projet de loi.

L’homosexualité sévèrement réprimée en Ouganda

L’homosexualité est déjà considérée comme un comportement criminel en Ouganda, passible de la prison à perpétuité. Le texte déposé en octobre 2009 par un parlementaire ougandais se propose de durcir encore ces dispositions, et prévoit notamment la peine de mort pour le viol d’un mineur par une personne de même sexe ou par un malade du sida. Le texte propose également de punir toute discussion publique sur l’homosexualité, et rendrait passible de poursuites les parents, professeurs, médecins d’homosexuels, ou encore un propriétaire qui leur louerait un logement.

De son côté, le ministre de l’Ethique et de l’Intégrité, James Nsaba Buturo. a rejeté jeudi les critiques de M. Obama, avertissant que toute ingérence serait considérée comme « inacceptable ». « Nous ne pouvons pas dire au Sénat (américain) ce qu’il doit faire. Donc, pourquoi ont-ils l’impression qu’ils peuvent nous dire ce que nous devons faire dans l’intérêt de notre peuple ? ».

La discrimination envers les homosexuels en Ouganda puise son inspiration dans les doctrines conservatrices de l’église anglicane implantée dans le pays (84% de la population ougandaise est chrétienne dont 39% de religion anglicane). La St. James Church, faction de l’église anglicane, s’oppose notamment depuis longtemps à l’idée d’évêques homosexuels. Nombre de ses membres ont quitté les Etats-Unis pour s’installer en Ouganda. Henry Luke Orombi, archevêque d’Ouganda qui dirige l’église de St James, milite farouchement contre l’homosexualité. Mais Rowan Williams, le chef spirituel de 77 millions d’anglicans à travers le monde s’oppose publiquement au projet de loi contre les homosexuels actuellement en discussion devant le parlement ougandais.

Une vague d’homophobie déferle sur l’Afrique australe et orientale. Le 28 décembre, deux hommes ont été arrêtés au Malawi pour avoir organisé le premier mariage homosexuel en public. Le couple a demandé à être entendu devant la Cour constitutionnelle et suscite un grand intérêt dans un pays où l’homosexualité est illégale.

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