Depuis la déclaration de candidature du Président Alassane Ouattara, l’opposition ivoirienne ne cesse d’appeler la France au secours. Hier encore, à l’occasion de la cérémonie d’investiture de Guillaume Soro, le sujet a été à l’ordre du jour. Cette mentalité d’éternels assistés est une plaie qui gangrène l’Afrique.
L’élection présidentielle du 31 octobre 2020 apparaît comme celle de tous les dangers en Côte d’Ivoire, tant elle cristallise la tension. La candidature du Président sortant, Alassane Ouattara, apparaît comme un coup de pied donné dans la fourmilière. L’opposition conteste cette candidature qu’elle voit comme une violation de la Constitution. Mais en face, le régime Ouattara ne plie pas, maintient sa position. L’agitation est donc à son comble.
Voyant qu’elle a le dos au mur, et ne sachant plus à quel saint se vouer, l’opposition ivoirienne cherche son secours auprès de la France. Tour à tour, Guillaume Soro, Henri Konan Bédié, Pascal Affi N’Guessan ont saisi le Président Emmanuel Macron, par écrit, pour l’inviter à intervenir dans la crise qui se déroule en Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara, lui-même, effectue dans la foulée un voyage en France où il a eu un tête-à-tête avec Emmanuel Macron. Mais rien n’a filtré de cet échange au point où toutes les hypothèses sont mises sur la table. La France soutient-elle la candidature d’Alassane Ouattara ? Rien ne prouve le contraire.
Mais l’opposition est déterminée à obtenir l’intervention française. C’est pourquoi, à l’investiture de Guillaume Soro, hier à Abidjan, un de ses lieutenants, Marc Ouattara, président de la Coordination des mouvements et associations proches de Guillaume Kigbafori Soro (CMA-GKS), est revenu sur le sujet en ces termes : « Je profite de cet instant pour lancer un appel à la communauté internationale. Au nom du devoir d’ingérence, vous ne devez pas laisser notre pays sombrer par la volonté d’un seul homme, venez quand il est temps. Ne venez pas ici en démon ou en pompier comme au Mali, venez quand il est temps. Évitons une seconde crise post-électorale à la Côte d’Ivoire, nous n’en avons pas besoin. J’en appelle à la France, la patrie des droits de l’homme, pays de l’un des inventeurs de la démocratie, Montesquieu ; il faut sauver ce pays contre les affres du régime Ouattara et des affres d’un RHDP aux abois ».
Au fond, on comprend difficilement cette attitude servile de la classe politique ivoirienne qui pense qu’elle ne peut pas régler elle-même les problèmes du pays, sans la France. Pourquoi une certaine classe politique des pays du “pré carré” français se sent-elle toujours obligée de solliciter la France en cas de crise ? Où est passée la tradition de l’arbre à palabres tellement chère aux Africains jadis, au moment où l’Afrique était encore indépendante ?
Osons le dire. Cette classe politique fait honte aux héros africains comme Thomas Sankara qui ont payé de leur vie pour avoir assumé l’indépendance de leur pays, et qui doivent se retourner dans leur tombe devant la servitude déclarée, la dépendance mentale de ces politiques africains qui refusent obstinément d’assumer l’indépendance.
En tout cas, j’ai dit.
Lire aussi pour mémoire Le 4 octobre 1984, Thomas Sankara s’adresse à la Trente-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.