La justice zimbabwéenne a rejeté, lundi, le recours de l’opposition demandant la publication immédiate des résultats de l’élection présidentielle. Une mauvaise nouvelle pour Morgan Tsvangirai, l’opposant de Robert Mugabe, qui s’ajoute à une autre : le recomptage des voix dans 23 circonscriptions. L’opposition s’insurge et appelle à la grève générale dès mardi.
L’horizon s’obscurcit pour l’opposition. La justice zimbabwéenne a de nouveau refusé la publication des résultats qui risque de se faire attendre encore longtemps. Un coup dur pour Morgan Tsvangirai, chef de file du Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC) qui s’ajoute à celui de la veille. La Commission électorale a en effet décidé dimanche le recomptage des voix dans 23 des 210 circonscriptions du pays. Officiellement, 18 d’entre elles ont été remportées par l’opposition. George Chiweshe, président de la Commission, a affirmé disposer de « motifs suffisants» pour faire valoir cette décision. Selon lui, des erreurs auraient été commises. Le recomptage concerne les élections présidentielles mais aussi législatives, sénatoriales et municipales.
Ces décisions sont contestées par l’opposition, qui craint une tentative de manipulation des résultats de Robert Mugabe. De telles manœuvres peuvent en effet renverser la majorité à la Chambre des députés. Selon les premiers résultats des élections du 29 mars, c’est l’opposition qui a remporté les législatives, une première au Zimbabwe depuis la prise du pouvoir du ZANU-PF en 1980. Le MDC disposerait de 109 sièges à la Chambre des députés contre 97 pour le ZANU-PF (et un siège pour un indépendant). Il suffirait à ce dernier de remporter neuf sièges supplémentaires pour obtenir la majorité.
Un sommet de la SADC sans effet
En signe de protestation, le MDC lance un appel à la grève générale à partir de mardi et jusqu’à ce que les résultats soient publiés. Les tensions sont donc loin de s’apaiser et ce, malgré la tenue du sommet de la Communauté pour la Développement de l’Afrique australe (SADC) à Lusaka (Zambie), samedi et dimanche. Celui-ci a débouché sur une série de recommandations visant à mettre fin à l’instabilité politique au Zimbabwe. Les quatorze chefs d’Etats ont solennellement demandé une publication rapide des résultats. Ils ont aussi exigé que « la vérification et le décompte des résultats [se fasse] en présence des candidats et de tous leurs représentants ». S’il ressort des résultats qu’un second tour est nécessaire, il devra « se tenir dans un contexte sûr » et le SADC est prête à « envoyer une mission d’observateurs. »
Dans un document de quatre pages, ils ont exhorté toutes les parties à « accepter les résultats lorsqu’ils seront annoncés ». Mais aucune de ces pages n’a mentionné le nom de Mugabe. Ce dernier n’a finalement pas participé au sommet comme attendu. Le président d’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, s’est tout de même déplacé au Zimbabwe peu avant le sommet afin de s’entretenir avec Mugabe. Le SADC a d’ailleurs demandé à T.Mbeki de poursuivre sa médiation dans la crise électorale zimbabwéenne.
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