Un an après les événements de Cologne, « Bild », le célèbre tabloïd allemand a admis avoir publié une fausse information livrée par deux témoins qui avaient inventé des violences sexuelles commises par des migrants.
Médecin après la mort ! Tel peut-on qualifier l’éclairage du journal allemand « Bild » qui, un an après les événements de Cologne, a admis avoir publié une fausse information que le tabloïd tenait de deux témoins qui avaient inventé des violences sexuelles commises par des migrants. Une information qui avait été lourde de conséquences, notamment chez les migrants qui en avaient fait les frais, pour être pointés du doigt et désignés non grata dans ce pays d’Europe.
Flash-back : Le soir du Nouvel An 2016, plus d’un millier de plaintes avaient été déposées à Cologne, dont plus de la moitié pour agressions sexuelles. Selon la police allemande, les agresseurs n’étaient pas des demandeurs d’asile mais majoritairement des migrants venus d’Afrique du Nord. Marocains, Algériens, et autres Tunisiens étaient alors, points du doigts. C’est le début d’une année cauchemardesque pour la Chancelière Angela Merkel, attaquée de tous bords sur sa politique d’accueil des réfugiés.
Un an plus tard, précisément le 6 février 2017, s’appuyant sur quatre témoignages, notamment ceux d’un restaurateur, d’une serveuse de 27 ans et deux autres de ses employés qui racontent avoir assisté à des violences sexuelles commises en groupe par des étrangers, Bild écrit que 50 hommes arabes, ivres et possiblement issus d’un centre de réfugiés, s’en seraient pris à des femmes la nuit du réveillon, en plein cœur de la ville. Même scénario que celui du 1er janvier 2016.
Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung, ces faits ne seront jamais confirmés par la police, car ils n’ont jamais existé. Dès le 7 février, la « FAZ » titre : « Nouvel An à Francfort : une agression sexuelle que personne n’a vue ». Une enquête pour faux témoignages ouverte mène à des conclusions qui donnent froid dans le dos : des incohérences décelées dans les récits avec notamment un premier témoin, sympathisant du parti nationaliste AfD, partageait régulièrement ses opinions xénophobes sur sa page Facebook. Pire, la jeune femme n’aurait même pas été en Allemagne le 31 décembre. Dans un communiqué, la police confirme qu’aucune infraction n’a été rapportée dans la rue Fressgass le soir du Réveillon.
Bild admet que les déclarations et accusations qu’il a recueillies ne sont en aucun cas confirmées par la police et sont largement dénuées de fondement, après avoir pris le soin de supprimer son article original sur son site. Le journal, qui indique réfléchir en interne pour voir les soubassements de la publication d’une telle intox, insiste sur le fait que cette erreur ne correspond pas à ses normes journalistiques. Sauf que le coup est déjà parti et de nombreux migrants innocents et la Chancelière qui les a accueillis à bras ouvert en ont fait les frais.