Les combats ont repris dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire. De nouveaux protagonistes, se dissociant du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire, tentent de s’emparer de trois villes dans la région de Man. Forces loyalistes et rebelles du MPCI s’accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu, tandis que les négociations se poursuivent à Lomé.
Les combats font rage, depuis jeudi, dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire. » C’est plus calme depuis ce midi, mais on entend encore des coups de feu et des coups de canon. Les rues sont désertes. Cette nuit, ça tirait dans tous les quartiers et hier, nous avons été bombardés par des hélicoptères de l’armée nationale vers 14h30. Pour le moment, il est vraiment difficile de dire si l’une ou l’autre des forces en présence a pris le dessus. « , témoigne un habitant du quartier du commerce, au centre de Man. Située à 450 km d’Abidjan, la ville représente un enjeu stratégique important : au coeur d’une vaste région cacaotière, elle possède l’aéroport qui dessert tout l’ouest du pays.
L’ombre de Gueï
Confusion. Jeudi, des forces rebelles ont attaqué les villes de Danane, Touba et Man. L’armée française a pris soin d’évacuer les ressortissants étrangers avant de laisser, samedi, la place aux Forces armées nationales ivoiriennes (Fanci). Les combats ont repris et ces derniers prétendent à présent maîtriser la situation. Reste à savoir contre qui ils se battent. Car les armées rebelles se revendiquent de forces distinctes du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI), à l’origine du soulèvement du 19 septembre et actuellement en négociations avec le gouvernement à Lomé.
La ville de Danane, à 80km de Man, serait aux mains d’un mouvement baptisé » Mouvement pour la justice et la paix » (MPJ). Une autre force en présence, le » Mouvement populaire ivoirien du Grand ouest » (MPIGO), prendrait part aux affrontements. Les deux armées se réclament de l’héritage du général Robert Gueï, ancien putschiste et chef d’Etat ivoirien mort dans des circonstances mystérieuses au lendemain de l’insurrection il y a deux mois et demi. Des témoignages croisés font état de soldats anglophones dans leurs rangs, sans doute des mercenaires libériens.
Accusations croisées
» Pour nous, ces mouvements sont une des ramifications ethniques et tribales du MPCI. Ce mouvement a montré son incapacité à adopter une ligne politique claire alors il se lance dans des actions militaires sous d’autres noms, mais nous ne sommes pas dupes. C’est une pure et simple violation du cessez-le-feu que, de toutes façons, le MPCI n’a jamais respecté « , martèle Alain Toussaint, conseiller du président Laurent Gbagbo. Une interprétation de l’identité des belligérants qui n’est pas confirmée par les forces françaises. De son côté, le MPCI accuse Abidjan d’avoir profité de cette nouvelle insurrection pour attaquer ses troupes dans l’Ouest, malgré le cessez-le-feu.
En dépit de ces nouvelles lignes de front, aucune des deux parties ne semble renoncer à négocier. La présidence se dit confiante dans le dialogue et les délégués du MPCI ont revu leur copie sur les conseils du médiateur de la crise, le président togolais Gnassingbé Eyadéma, afin de proposer un document plus acceptable au gouvernement d’Abidjan.