Nouveau type d’échanges entre pays africains : l’Angola et le Tchad s’inspirent de la Préhistoire


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João Lourenço et Idriss Deby
João Lourenço et Idriss Deby

Et si on retournait à l’ère du troc, ce mode d’échange préhistorique, en vigueur avant l’invention de la monnaie ? C’est le chemin que semblent montrer le Tchad et l’Angola, à travers une entente pour le moins inhabituelle. Le premier rembourse au second une dette en argent sous forme de livraison de bœufs.

Pour une dette de 100 millions de dollars qu’il a contractée auprès de l’Angola en 2017, le Tchad a proposé un remboursement sous forme de 75 000 bœufs à livrer sur huit ans, chaque bête revenant à 1 300 dollars environ. L’Angola ayant donné son accord, la première livraison composée de 1 000 têtes de bovins a été réceptionnée dimanche dernier à Luanda. D’ici à la fin du mois de mars, environ 4 500 bœufs seront livrés à l’Angola.

Ce contrat, qualifié de « gagnant gagnant » par Le Journal du Tchad, permet au Tchad, qui manque d’argent, de rembourser sa dette en bétail dont l’Angola a besoin. En effet, les sécheresses récurrentes en Afrique australe n’épargnent pas l’Angola dont les troupeaux sont décimés alors que le pays vise l’autosuffisance en termes de production de viande de bœuf, tout au moins pour le plateau de Camabatela, une région propice à l’élevage des bovins, à l’horizon 2025. A contrario, le Tchad passe pour l’un des principaux parcs à bœufs du continent avec 94 millions de têtes, selon la BBC.

L’Afrique gagnerait certainement à promouvoir cette forme de coopération sud-sud plutôt originale, très pratique qui ne met pas exclusivement le numéraire en avant, étant donné que beaucoup de pays du continent ne sont pas riches en numéraire, mais ont suffisamment de ressources naturelles à mettre dans la balance pour les échanges. Cette forme d’échange, inspirée du Néolithique (deuxième grande période de la Préhistoire, au cours de laquelle l’homme a réalisé des inventions révolutionnaires) et basée sur le troc entre pays du continent, pourrait être un début de solution au sempiternel problème de la détérioration des termes de l’échange auquel le commerce avec l’Occident soumet l’Afrique depuis des lustres.

Il appartient à l’Afrique d’inventer sa propre voie de développement, sans chercher à imiter intégralement le modèle occidental. « Il n’y a pas de développement clés en mains, mais clés en tête », a affirmé l’historien Joseph Ki-Zerbo.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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