Nouveau massacre en Ituri : à quoi sert encore l’état de siège ?


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Violences en RDC
Des violences en RDC

Dans les villages de Drodro, Largu et leurs environs, situés en Ituri, c’est la panique, ce lundi 22 novembre. Puisque dans la nuit du dimanche au lundi, des hommes armés ont semé la mort dans des camps de déplacés implantés dans ces villages. L’ampleur des dégâts est telle que l’on peut légitimement se poser des questions sur l’utilité de l’état de siège.

En mai dernier, au moment où il était décrété par le Président Félix Tshisekedi, l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri était présenté comme l’ultime rempart contre l’insécurité qui fait rage dans ces deux provinces. Six mois plus tard, et après plusieurs reconductions, le mal persiste toujours. Dans la nuit du dimanche au lundi par exemple, des camps de déplacés situés dans les villages de Drodro, Largu et leurs environs, localités elles-mêmes faisant partie du territoire de Djugu, en Ituri, ont subi une série d’assauts de groupes armés. De sources locales, il s’agirait des miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO).

Les différentes sources ayant présenté un bilan des attaques ne sont pas unanimes sur le nombre de victimes. Le baromètre sécuritaire du Kivu et les organisations de la société civile locale en Ituri parlent de 107 morts, majoritairement des civils, tandis que l’armée, elle, avance le nombre de 12 morts. C’est ce qui ressort des propos du porte-parole des opérations militaires en Ituri, Jules Ngongo, qui s’est confié à Politico.cd en ces termes : « Depuis le matin, les forces armées sont à Drodro et contrôlent la zone. Nous avons fouillé, il y a 12 corps de nos compatriotes qui ont été tués par ces miliciens. Ceux qui publient ces informations faisant étant de 107 morts savent pourquoi ils le font. Nous compatissons avec tous ces compatriotes qui ont péri. C’est inacceptable qu’un camp des déplacés soit attaqué ».

Cette énième attaque qui intervient dans la province remet sur la table la sempiternelle question de l’opportunité et de l’efficacité de l’état de siège dans les deux provinces. En tout cas, pour l’heure, le bilan de cette mesure exceptionnelle semble clairement négatif, puisqu’elle n’a pas réussi à endiguer l’insécurité dans les deux provinces où elle est imposée. À deux ans de la fin de son mandat, Félix Tshisekedi n’a pas réussi à pacifier l’est de son pays, lui qui se disait prêt à verser son sang pour ramener la paix et la sécurité dans cette région de la RDC.

A lire : RDC : le dispositif de l’état de siège soumis à rude épreuve par les ADF au Nord-Kivu

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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