Douze militaires français de l’opération Licorne ont été arrêtés après avoir tenté de dérober 65 millions de FCFA dans la succursale de la BCEAO de Man (ouest d’Abidjan) qu’ils étaient censés garder. Ils ont été rapatriés en France lundi. C’est le quatrième « casse » de ce genre dans les agences de la BCEAO installées en zone ex-rebelle, et le deuxième perpétré par des soldats français.
Pris la main dans le sac. Douze militaires français ont été arrêtés vendredi dernier en possession de 65 millions de francs CFA (100 000 euros) qu’ils venaient de dérober dans une annexe de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’ouest (BCEAO)… qu’ils étaient censés surveiller. Le vol s’est déroulé à Man, à 570 km à l’ouest d’Abidjan, ville située dans la zone de l’ex-rébellion qui contrôle le nord du pays. « Les militaires étaient en charge de la garde de cette succursale. Ils ont profité de leur stationnement dans l’agence pour dérober cette somme », a expliqué sobrement le colonel Aussavy, de l’opération Licorne. Ajoutant que les soldats avaient été pris « grâce au dispositif de vigilance et de contrôle mis en place par le commandement de Licorne ».
Selon l’AFP, les militaires ont « essayé d’arrondir leurs soldes – pourtant confortables en ‘théâtre d’opération extérieure’ – avant leur retour en France prévu début octobre ». Ils ont regagné leur pays un peu plus tôt… rapatriés de façon discrète, lundi, par avion, « pour être remis entre les mains de la justice française », a indiqué Henry Aussavy. Ce dernier a précisé qu’« en parallèle de l’enquête judiciaire, des mesures disciplinaires ont été prises et une enquête de commandement a été ordonnée ». A Paris, le colonel Dubois, porte-parole de l’état-major des armées, a qualifié cet acte d’« inadmissible, grave et inacceptable ».
Quatre vols en un an
Ce vol est le deuxième perpétré par des soldats français de l’opération Licorne. En septembre 2003, quatre militaires avaient profité du pillage par les rebelles de la BCEAO de Bouaké pour dérober 38 millions de FCA (57 000 euros), alors qu’ils en gardaient les locaux. Les hommes du contingent Licorne sont relevés tous les quatre mois. Ils sont 4 000 au total, présents en Côte d’Ivoire dans le cadre d’une mission de rétablissement de la paix.
En un an, quatre vols ont été perpétrés dans des succursales de la BCEAO au nord du pays : deux par des Français et deux par des rebelles. Le 23 septembre 2003, ceux-ci avaient braqué l’agence de Bouaké (centre), emportant quelque 20 milliards de FCFA (30,45 millions d’euros) et faisant une trentaine de morts. Un autre groupe a attaqué celle de Korhogo (extrême-nord) en août dernier empochant un montant qui n’a pas encore été révélé. Suite à ces vols, la succursale de Man faisait l’objet d’une surveillance accrue de la part des militaires français. Paul-Antoine Bohoun Bouabré, le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, a expliqué lors d’un point presse que, selon les règles de la BCEAO (qui concerne 8 pays de la sous-région), c’est au pays hôte d’assurer la sécurité des agences. Mais depuis la crise, les agences ivoiriennes ne sont plus sous contrôle gouvernemental. Et l’anarchie semble régner. Pour le plus grand bonheur des pillards, qu’ils soient français ou ivoiriens.