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Un drame s’est produit sur le lac Édouard dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 février. Une pirogue transportant une quarantaine de passagers a chaviré à hauteur de Lunyasenge, près de Vitshumbi, en province du Nord-Kivu.
L’embarcation victime de naufrage, qui avait quitté le territoire de Lubero pour celui de Beni, transportait principalement des civils tentant d’échapper aux violences dans la région sous l’emprise de la rébellion du M23. « C’est autour de 16 heures que la pirogue a quitté Vitshumbi. Malheureusement, les conditions météorologiques étaient défavorables », rapporte un habitant de Musenda ayant requis l’anonymat.
Des secours limités en raison de l’insécurité
Selon Mbusa Kavasya, membre du comité local des pêcheurs, seuls six passagers ont pu être sauvés, tandis que d’autres sources locales parlent de huit rescapés. Une vingtaine de personnes sont portées disparues. Mais pour l’instant, un seul corps a été repêché. « Les corps des disparus sont encore sous les eaux, et les opérations de sauvetage sont très compliquées en raison de l’absence de police maritime, la localité étant sous le contrôle du M23 », a déclaré Mbusa Kavasya.
Les victimes de ce naufrage tentaient de fuir la région pour rejoindre Kyavinyonge, une pêcherie plus éloignée de la zone d’activisme du groupe rebelle. Ce drame met en lumière les dangers auxquels sont exposées les populations civiles en quête de sécurité, contraintes d’emprunter des voies maritimes non sécurisées.
Les naufrages : un problème récurrent en RDC
S’il est vrai que ces naufragés sont des victimes collatérales de la présence du M23 dans la province du Nord-Kivu, il n’en demeure pas moins vrai que les naufrages constituent un problème récurrent en RDC. Tenez ! Entre mai et octobre 2024, Radio Okapi dénombre pas moins de 185 personnes mortes dans des naufrages. En dehors de ces morts, plus de 600 personnes sont portées disparues tandis que 275 environ ont pu être sauvées.
Cette fréquence des drames sur les fleuves et lacs du pays traduit globalement une absence de réglementation efficace de la navigation qui accentue les risques de naufrages, alors que la région continue d’être en proie à l’insécurité. La plupart des accidents de ce type sont attribués à des conditions de surcharge, de mauvais entretien des embarcations, et de non-respect des règles de sécurité. Des actions pointues sont attendues des pouvoirs publics pour arrêter la saignée. Mais, pour ce qui est de la province du Nord-Kivu, il faudra attendre le retour effectif de l’État pour espérer voir ces actions être mises en œuvre. Pour l’instant, le M23 continue de dicter sa loi, régnant en maître à Goma et environs tout comme à Bukavu et dans les contrées voisines.