Le nord du Nigeria fait face à une coupure de courant généralisée depuis deux semaines, après des actes de vandalisme jihadiste sur des infrastructures électriques.
Depuis près de deux semaines, le nord du Nigeria est plongé dans l’obscurité à la suite d’actes de vandalisme commis par des groupes jihadistes sur des infrastructures électriques essentielles. Cet incident majeur prive des millions de Nigérians d’électricité, mettant en péril l’économie locale, la sécurité et la vie quotidienne. Face à cette situation, les autorités, dont le président Bola Tinubu, s’efforcent de rétablir la situation, mais les défis restent immenses.
Un réseau électrique fragilisé par les attaques jihadistes
Les actes de sabotage ont ciblé une ligne de transmission cruciale entre Shiroro et Mando, dans l’État du Niger, affectant la fourniture d’électricité dans 19 États du nord du pays. Selon la Transmission Company of Nigeria (TCN), ce vandalisme sur des infrastructures a déjà vétustes aggraver les coupures de courant chroniques, accentuées ces dernières années par les attaques de groupes armés dans la région. La situation est d’autant plus critique que les infrastructures vieillissantes peinent à soutenir les besoins en énergie des plus de 220 millions de Nigérians.
Les conséquences de cette coupure de courant se font ressentir dans de nombreux secteurs. L’accès à l’eau potable, dépendant des fourrages nécessitant l’électricité, est gravement perturbé. À Katsina, par exemple, le prix de l’eau a quintuplé, rendant son accès difficile pour les familles modestes. Dans le secteur économique, la hausse du prix de l’essence empêche de nombreux habitants de se tourner vers des générateurs, provoquant ainsi une paralysie des petites entreprises locales.
La hausse des prix, conséquence des réformes économiques initiées par le président Tinubu en 2023, a quintuplé le coût de l’essence, rendant le recours aux générateurs inabordable pour beaucoup.
Un contexte de violence et d’insécurité s’accumule
Le nord du Nigeria est depuis longtemps le théâtre de violences jihadistes, notamment dans l’État du Niger, abritant la plus grande centrale hydroélectrique du pays. Depuis quinze ans, l’insurrection a provoqué plus de 40 000 morts et forcé des millions de personnes à fuir leurs foyers. Ce phénomène est aggravé par l’activité des « bandits » armés, qui se sont rapprochés de groupes jihadistes comme Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap).
En réponse à cette crise, les gouverneurs des 19 États du Nord ont appelé au rétablissement immédiat de l’électricité et ont sollicité l’intervention du gouvernement fédéral. Le président Bola Tinubu a promis de déployer des forces de sécurité pour assurer la protection des techniciens chargés de réparer les infrastructures. Cependant, les travaux de réparation sont ralentis par des inquiétudes sécuritaires, car les travailleurs risquent des attaques sur le terrain.
Des infrastructures électriques vétustes : un défi majeur
Outre les menaces sécuritaires, le réseau électrique nigérian souffre de vétusté. Le ministre de l’Énergie, Adebayo Adelabu, a souligné que les infrastructures datent de plus de cinquante ans, avec des lignes de transmission fragiles et des transformateurs obsolètes. Le remplacement de ces installations prendra du temps, alors que la demande en électricité du pays ne cesse de croître.