Après des années de débats juridiques et de controverses historiques, la cour d’appel de Paris a confirmé le non-lieu général concernant l’inaction de l’armée française lors des massacres de Bisesero en 1994.
Cette décision, attendue par certains, provoque des réactions contrastées. Elle relance également le débat sur la responsabilité de la France dans l’un des épisodes les plus sombres du génocide rwandais.
Retour sur les faits : les massacres de Bisesero
Entre le 27 et le 30 juin 1994, des génocidaires hutus ont massacré des centaines de civils tutsis réfugiés sur les collines de Bisesero, à l’ouest du Rwanda. Malgré leurs appels à l’aide adressés à l’opération militaire française « Turquoise », mandatée par l’ONU, les forces françaises ne sont intervenues que trois jours après les premières alertes. Ce retard a suscité des accusations de passivité voire de complicité.
Une enquête marquée par les controverses
Les autorités judiciaires ont ouvert cette affaire il y a près de 20 ans, puis l’ont close une première fois en septembre 2022 par un non-lieu. Cependant, le rapport Duclert publié en 2021, qui pointait un « échec profond » de la France, a poussé à la réouverture du dossier. En 2023, les juges d’instruction ont finalement conclu qu’aucune preuve ne permettait d’établir la participation directe ou la complicité des militaires français dans les massacres.
Entre réactions de détente et indignation
Le général Jean-Claude Lafourcade, ancien chef de l’opération Turquoise, a salué cette décision qui, selon lui, « restaure l’honneur » des soldats accusés. Les avocats des officiers impliqués ont exprimé leur satisfaction en dénonçant des accusations qu’ils jugent « sans fondement ». En revanche, les associations de rescapés comme Ibuka et Survie dénoncent un « déni de justice ».
Quelles suites possibles pour les parties civiles ?
Face à ce non-lieu, les avocats des parties civiles envisagent un pourvoi en cassation. Certains demandent également des enquêtes approfondies sur les décisions prises à Paris à l’époque, notamment au sein de l’entourage de François Mitterrand. Un recours devant le Conseil d’État reste également une option pour poursuivre le combat judiciaire.