Nollywood explose sur YouTube : le cinéma nigérian s’adapte à la crise et cartonne en ligne


Lecture 2 min.
Nollywood en plein boom
Nollywood en plein boom

Face à l’inflation galopante, l’industrie cinématographique nigériane réinvente son modèle économique en migrant massivement vers la plateforme gratuite, attirant des millions de spectateurs et ouvrant une nouvelle ère pour le deuxième producteur mondial de films.

Alors que le Nigeria traverse l’une des plus graves crises économiques de son histoire récente, son industrie cinématographique trouve un nouveau souffle sur les écrans numériques. Avec une inflation qui dépasse les 30 % et un taux de pauvreté atteignant désormais 56 % de la population, les Nigérians délaissent les salles obscures et les plateformes payantes au profit de YouTube, où le cinéma de Nollywood connaît un essor spectaculaire.

Symbole de cette mutation, Love in Every Word, un film réalisé par la star Omoni Oboli, a franchi la barre des 21 millions de vues en moins d’un mois sur la plateforme. Une performance impressionnante, mais loin d’être isolée. Depuis plusieurs mois, des dizaines de films nigérians sont mis en ligne gratuitement, cumulant des millions de visionnages.

YouTube video

Face à la flambée des prix du streaming (l’abonnement Netflix est passé de 4 400 à 7 000 nairas, soit environ 4 euros) et à l’effondrement du pouvoir d’achat, YouTube s’impose comme le nouveau refuge culturel d’une population en quête de divertissement accessible.

Deuxième industrie cinématographique mondiale en volume derrière Bollywood, Nollywood produit plus de 2 500 films par an. Longtemps alimentée par les chaînes câblées et les grandes plateformes de VOD, elle se réinvente désormais grâce à YouTube. Sur ces nouvelles plateformes, les stars s’engagent massivement, drainant leurs fans. Acteurs, réalisateurs et producteurs misent sur leurs propres chaînes ou celles de diffuseurs comme iBAKATV, souvent via des contrats de partage des revenus indexés sur le nombre de vues.

« Certains réalisateurs acceptent cette diffusion pendant une période donnée et signent un contrat en fonction du nombre de vues », explique Kazim Adeoti, cofondateur d’iBAKATV. Ce modèle, plus agile et direct, permet aux cinéastes de contourner les intermédiaires, de conserver la propriété de leurs œuvres, et d’engranger des revenus sans dépendre des géants du streaming, qui réduisent progressivement leurs investissements en Afrique.

« Les films tournés pour YouTube sont nettement moins chers à produire », souligne le producteur Seun Oloketuyi. « C’est une situation gagnant-gagnant : les coûts sont réduits, les droits sont conservés, et les revenus peuvent être importants. » Une révolution silencieuse, qui repositionne Nollywood.

Masque Africamaat
Spécialiste de l'actualité d'Afrique Centrale, mais pas uniquement ! Et ne dédaigne pas travailler sur la culture et l'histoire de temps en temps.
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News