Plus qu’un simple site d’artisanat, Artisanat-africain.com se révèle la voix du Nord des traditions du Sud. Une vitrine plus culturelle que commerciale fruit d’une passion et d’une aventure humaine. Une belle initiative, alliant respect et richesse culturelle, lancée cet été par l’association Cepaci pour diversifier ses activités marchandes. Interview.
Côte d’Ivoire, Mali, Burkina, Gabon, Cameroun, Nigeria, Congo (RDC) Bénin, plus de 350 pièces d’artisanat traditionnel africain sont proposées sur Artisanat-africain.com. Loin d’être le énième catalogue du genre sur Internet, le site répond à une véritable vocation cultuelle. Ouverte en juin 2003 par l’association Cepaci, la boutique virtuelle est le prolongement d’une adresse physique à Bordeaux (France) où l’association à pignon sur rue depuis 1999. Ne parlez pas à Sarah, une des trois salariés de la structure, de commerce équitable, au risque de l’offenser. L’initiative répond plus à une relation passionnelle avec le continent qu’à une triste démarche commerciale.
Afrik : Quelle est la genèse du Cepaci et de son action ?
Sarah : A la base, nous n’avions aucune vision commerciale. Notre rencontre avec l’Afrique s’est déroulée à la faveur d’un séjour en Côte d’Ivoire pour des vacances entre amis. Comme nous avions vu qu’il y avait beaucoup de besoins dans le pays, nous avons commencé par faire de l’humanitaire. A côté de cela nous rapportions quelques pièces d’artisanat pour les vendre en France et renvoyer l’argent là-bas. Puis nous avons monté une coopérative. Nous travaillions tous à côté et faisions tous ça sur notre temps libre. Comme il y avait une importante demande sur Bordeaux, nous nous sommes dit pourquoi ne pas en faire une activité professionnelle à part entière. L’association a été créée en 1996 et la boutique ouverte seulement trois ans plus tard. Nous avons aujourd’hui un magasin de 250 mètres carrés et nous travaillons avec plus de 100 artisans d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale.
Afrik : Peut-on parler de commerce équitable ?
Sarah : Il s’agit avant tout d’une aventure humaine. Je suis par exemple marraine de plusieurs enfants d’artisans avec qui nous avons tissé des liens très forts. C’est un peu une famille. Il ne nous viendrait même pas à l’esprit de faire de l’argent sur leur dos ou de les arnaquer.
Afrik : Votre activité est-elle lucrative ?
Sarah : Si nous étions une SARL (Société anonyme à responsabilité limitée, ndlr) nous ne serions pas rentables. Nous passons trop de temps sur place pour récolter les différentes pièces. Là où d’autres mettront 15 jours pour faire leurs achats de marchandises, nous mettons deux mois et demi. Parce que nous faisons le tour de toutes les régions et de toutes les ethnies pour aller à la rencontre des gens. Nous avons en plus la chance de bénéficier de subventions de l’Etat dans le cadre des Contrats Emploi Consolidé (CES, ndlr), ce qui diminue considérablement les charges de l’association. Chaque salarié lui revient ainsi à 230 euros.
Afrik : Pourquoi avoir créé un site Internet ?
Sarah : Vous remarquerez que le site est très documenté. Et que chaque objet bénéficie d’une fiche de présentation pour le situer dans le temps, expliquer ses usages et ses origines. C’était un peu une finalité. Nous voulions mettre à plat 8 ans de travail et de recherches pour les rendre accessibles au grand public. Et puis nous voulions aussi nous diversifier. Mais nous n’avons mis sur le site que l’artisanat traditionnel. Ce n’est qu’un échantillon de ce que nous avons dans notre magasin à Bordeaux, où nous avons également beaucoup d’artisanat contemporain (sacs, sandales, ndlr)
Afrik : Qui a fait votre site Internet ?
Sarah : Moi. Un ami qui avait, en amateur, sept sites à son actif, m’a prise en charge pendant trois après-midis pour m’apprendre les rudiments du langage HTML, avant de me laisser me débrouiller seule. J’ai un peu souffert au début, mais maintenant ça va. Ces derniers jours, j’ai même rajouté 23 pages au site.
Visiter le site du Cepaci Artisanat-afircain.com