Nneka, chanteuse nigériane de 25 ans, joue ce mercredi soir en première partie du concert de Gnarls Barkley, à l’Elysée-Montmartre, à Paris. Elle raconte à Afrik.com ses débuts dans la musique, son écriture et sa première expérience de la scène en France.
Les Français l’ont découverte récemment. Mais en Allemagne, elle a déjà chanté en première partie de Sean Paul à Hambourg et fait celle de la tournée de Patrice, le chanteur de reggae Germano-Sierra-Leonnais, de plus en plus prisé dans l’Hexagone. Nneka Egbuna est née en 1981 au Nigeria. A 19 ans, elle s’installe à Hambourg et, en 2005, sort son premier album Victim of Truth, mélange de reggae, de soul et de hip-hop. L’artiste nigériane prépare actuellement son deuxième album prévu pour 2007.
Afrik.com : Comment êtes-vous entrée chez Yo Mama Record, votre maison de production ?
Nneka : Certains diront que c’est le hasard, moi je dis que c’est Dieu qui m’y a conduit. Je venais de quitter mon emploi dans un magasin de chaussures. Cela ne se passait pas très bien, car je ne maîtrisais pas encore très bien l’allemand. Je cherchais un nouveau job. Je marchais dans la rue, quand j’ai vu un panneau sur le mur d’un vieux bâtiment avec écrit : « Yo Mama. Mutter ist die Beste » (ndlr : maman est la meilleure) et c’est la signification de Nneka Egbuna, mon nom. Alors je suis entrée dans le bâtiment, je suis montée au 3e étage et la secrétaire m’a laissée entrer. Il pleuvait, mon pantalon était sale, je ne sais pas pourquoi elle m’a laissée faire. Je lui ai demandé ce que c’était Yo Mama. Elle m’a expliqué que c’était une boîte de management de musique. Je lui ai dit que j’avais mes chansons sur moi et que peut-être son patron voudrait bien les écouter. J’ai attendu 10 minutes et j’ai rencontré Martin. Il a écouté ma musique. Et deux semaines plus tard, il m’a rappelée. Yo Mama a ainsi distribué l’album que j’avais enregistré toute seule.
Afrik.com : D’où vient cette passion pour la musique ?
Nneka : Elle vient des souffrances et de ce qu’on vit. La musique a toujours eu une place importante dans ma vie. Enfant, je chantais souvent pour moi. Mais, je n’ai jamais fait partie d’une chorale. Au Nigeria, la vie est réglée, tu te lèves le matin, tu vas à l’école, tu rentres chez toi, tu fais tes devoirs et tu vas te coucher. Le dimanche, tu vas à l’église. Certains parents permettent aux enfants d’aller à des fêtes, mais pas les miens. J’ai eu une éducation assez stricte. Quand j’étais petite, j’adorais la musique traditionnelle nigériane, les Fugees, Fela Kuti, Femi Kuti, Whitney Houston, Manu Dibango… Quand ils passaient à la radio, on les écoutait avec plaisir. Mais une fois en Allemagne, j’ai pu réellement prendre le temps d’écouter de la musique. Ce temps que je n’avais pas eu au Nigeria.
Afrik.com : De quelle manière vous y prenez-vous pour composer vos musiques et vos textes ?
Nneka : C’est différent à chaque fois. Parfois, j’ai un son, les mots arrivent après, d’autres fois, c’est l’inverse. Ou encore, j’ai la musique, mais les mots ne viennent pas tout de suite. Il n’y a pas de méthode préétablie.
Afrik.com : Vous avez fait votre premier concert en France, le mois dernier, comment c’était ?
Nneka : C’était incroyable. Terrible. Je n’ai jamais vécu ça. Ici, personne ne me connaissait. Les gens m’ont offert tellement d’amour. Je n’ai toujours pas compris ce qui m’est arrivé. Je ne comprends pas que les gens puissent donner autant à une personne. Ils ont été touchés par ma musique et moi j’ai été touchée par leur affection.
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Par Laure Salamon