L’équipementier Nike vient de remporter son procès contre la société MSCHF, qui a transformé, en collaboration avec l’artiste américain Lil Nas X, 666 paires d’Air Max 97 en “chaussures sataniques” avant de les revendre, il y a quelques jours, à 1 018 dollars (près de 570 000 FCFA) la paire. La marque à la virgule est, en effet, parvenue à empêcher la livraison des chaussures en question à leurs acheteurs.
La fin du scandale des « Satan Shoes » aux Etats-Unis ?
Repensées, modifiées et commercialisées sans l’accord préalable du fabricant originel des Air Max 97, les chaussures sataniques qui portent l’insigne de Nike ne pourront plus être livrées comme convenu à leurs nouveaux propriétaires qui pourtant ont déboursé plus de 800 euros pour l’avoir. C’est en tout cas ce qu’a décidé le tribunal fédéral de New York, ce 1er avril 2021, en émettant une ordonnance restrictive temporaire contre le groupe MSCHF.
Le géant concepteur de chaussures sportives Nike a invoqué une violation de sa marque déposée. Il demandait, à cet effet, au tribunal fédéral de suspendre, dans un premier temps, la livraison des chaussures puis, dans un second temps, d’interdire au collectif d’artistes de Brooklyn MSCHF d’associer son image de marque au concept satanique dont ce groupe fait la propagande.
Il craint en réalité que ce nouveau produit controversé de MSCHF – qui contient une goutte de sang dans la semelle et qui arbore un pentagramme ainsi qu’un verset biblique (Luc 10 v 18) – soit à l’origine d’une confusion entre ses articles et ceux du collectif MSCHF qui pourrait amener le public à croire qu’ils sont associés sur ce projet.
Pour sa défense, MSCHF, par la voix de ses avocats, a tenu à préciser que les 666 paires qu’elle a obtenues après modification de l’Air Max 97 étaient loin d’être des baskets ordinaires. A l’en croire, il s’agit plutôt d’œuvres d’art numérotées individuellement qu’elle a cédé à des collectionneurs chacune à 1 018 dollars.
Un argumentaire qui, de toute évidence, n’a pas convaincu le juge fédéral qui présidait la séance et qui a finalement fait pencher la balance en faveur de l’équipementier Nike. Cela dit, l’impact de cette décision du juge reste pour l’instant incertain d’autant plus que le collectif d’artistes de Brooklyn a clairement indiqué qu’il n’avait aucunement l’intention de rééditer la production d’autres paires de chaussures.
La réaction des acquéreurs de la « Satan Shoes »
Si le procès que Nike vient de gagner contre la société MSCHF réjouit la majorité des internautes (surtout les chrétiens) ainsi que les conservateurs américains comme la gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem, ce n’est pas tout à fait le cas des personnes qui ont payé 1 018 dollars ou plus pour les baskets sataniques.
En effet, plusieurs acquéreurs des « Satan Shoes » partagent la même inquiétude au sujet du sort qui est réservé à leur argent. Ils craignent, en effet, qu’il ne leur soit pas restitué.
D’autres, par contre, comme Joseph Rasch, du Tennessee, continuent d’espérer que la paire de chaussure satanique pour laquelle ils ont payé leur sera livrée. Ce dernier explique qu’il l’avait payée non pas dans l’intention de la porter mais plutôt pour s’en servir comme une déclaration politique.
En effet, « je voulais soutenir un homosexuel noir qui tente de montrer un récit différent dans un pays majoritairement chrétien qui traite actuellement de nombreux problèmes avec les Noirs », a-t-il confié à BBC OS sur la radio World Service.
Une troisième catégorie d’acheteurs, dont fait partie McKenzi Norris de Caroline du Sud, un adepte de longue date de la société MSCHF, se distingue également. Celle-ci avait pour objectif de revendre les baskets sataniques à un prix plus élevé sur des plateformes spécialisées en ligne. Un projet qu’elle n’aura probablement pas l’occasion de concrétiser au vu de la tournure inattendue qu’ont pris les évènements de ces derniers jours.
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