La ville de Jos, située au centre du Nigeria, a été à nouveau le théâtre de violents affrontements entre chrétiens et musulmans ce dimanche. Bilan, un mort et des dizaines de bâtiments et véhicules incendiés. Ces heurts surviennent quarante-huit heures après la série d’attentats qui a fait près de quarante morts et des dizaines de blessés à la veille de Noël.
Le quartier d’Unguwan Rukuba à Jos n’a pas été épargné ce dimanche par les violences interreligieuses. Chrétiens et musulmans se sont livrés à de violents affrontements dans la rue. Les échanges de coups de feu ont duré plus de six heures dans cette ville qui se trouve à la lisière entre le Nord à majorité musulman, et le Sud, principalement chrétien. A la mi-journée, l’armée a été déployée pour éviter que la situation ne dégénère. Des dizaines de femmes et d’enfants se sont réfugiées dans des édifices publics. Pour Daniel Bach, chercheur au CNRS et spécialiste du Nigeria, ces évènements sont l’illustration de différends qui ne sont pas uniquement religieux. « On pense à une suite de conflits, de tensions et de violences qui sont traditionnellement liés aux rapports entre indigènes et non-indigènes mais qui prennent de plus en plus un mode d’expression qui valorise le religieux», a-t-il déclaré sur RFI.
Un Noël sanglant
La veille de Noël a laissé un gout amer à nombre de Nigérians. La ville de Jos a fait l’objet de violences entre chrétiens et musulmans vendredi. Elle a connu une série d’attentats à la bombe et d’attaques d’église sans précédent. Le bilan est lourd : l’AFP fait état de trente huit personnes tuées et soixante dix blessées. « C’est la première fois que des explosifs de cette puissance sont utilisés », a déclaré le commissaire Abdulrahman Akano de la police de l’Etat du Plateau dont Jos est la capitale. . « Les gens faisaient leurs achats dans les zones touchées. L’endroit visé était fréquenté par toutes sortes de gens, musulmans et non-musulmans », a-t-il ajouté.
Même scénario dans la ville de Maiduguri, situé au Nord, où trois églises, ont été attaquées, et l’une d’elles incendiée, six morts ont été tuées selon l’armée. Au cours de ces cinq derniers mois plus de cinquante personnes, dont des policiers, des soldats, des religieux, des chefs locaux et des politiciens ont été tuées dans cette ville par des hommes soupçonnés d’appartenir à la secte islamique Boko Haram, qui affirme vouloir instaurer un Etat islamiste « pur ». En effet, ces affrontements de plus en plus violents sont généralement attribués au groupe qui se présente comme les talibans du Nigeria. Pour le gouverneur de l’Etat du Plateau, Jonah David, « le but des instigateurs des attentats est de dresser les chrétiens contre les musulmans et de déclencher un nouveau cycle de violences qui culmineraient dans le sabotage des activités pré-électorales ».
Le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, a promis que les auteurs des violences « qui ont tué de nombreux Nigérians innocents, tant chrétiens que musulmans, seraient jugés ». Le secrétaire Général des Nations-Unies, Ban-ki Moon, s’est déclaré à son tour « horrifié » par ces violences et a condamné « ces actes déplorables de violence alors que des millions de Nigérians célèbrent les fêtes religieuses et soutient les efforts par les autorités du Nigeria de traduire les responsables devant la justice ».
Ce n’est pas la première fois que le Nigeria est confronté à ce type de violences. De janvier à avril 2010, des violences intercommunautaires avaient causé la mort de plusieurs centaines de personnes.