Nigeria : stop aux subventions du pèlerinage


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arton59779

Les pèlerinages sont importants dans toutes les religions. Voilà surement pourquoi le Nigeria a décidé de subventionner les pèlerins, d’autant que les bonnes pensées véhiculées ne peuvent qu’être favorables à la cohésion sociale. Cependant est-ce raisonnable et juste de le faire sur de l’argent public ? Dans son article, OREDJE Narcisse, s’insurge clairement contre le financement des pèlerinages avec de l’argent public. Calculant le coût de revient de ces différents pèlerinages, il arrive à des montants qui font tourner la tête. Il souligne alors que cet argent est réservé à un petit groupe d’individus alors que ces sommes auraient pu permettre mille choses, dont l’amélioration des infrastructures, ce qui aurait eu un impact sur l’ensemble de la population !Selon Merriam Webster, le pèlerinage se définit comme la visite d’un sanctuaire ou d’un lieu sacré. C’est un voyage vers un sanctuaire ou un autre lieu d’importance au regard des croyances et de la foi d’une personne, même s’il peut parfois être question d’un voyage métaphorique.

En 2016, on a constaté que plus de 65 167 Nigérians de foi musulmane ont fait leur pèlerinage à La Mecque. Aussi noble que ce sacré effort puisse paraître, il a suscité un vif débat parmi les citoyens et les membres du gouvernement. Les clergés des deux grandes religions, dont les adorateurs sont les bénéficiaires des parrainages du gouvernement, ont pris différentes positions sur la question. Certains pensent que le pèlerinage est une affaire personnelle et ne donc pas devrait pas être financé par le gouvernement, d’autres par contre ont décidé d’encourager le parrainage qui aide à améliorer la citoyenneté qui, à son tour rend la nation meilleure.

La Commission du pèlerinage chrétien nigérian (NCPC) est l’organe responsable de la gestion du processus de pèlerinage des chrétiens nigérians pour visiter les lieux saints de leur religion. L’année dernière, le coût pour un pèlerinage nigérian individuel via le NCPC était de 473 940 Naira pour le pèlerinage général et 461 440 Naira pour le pèlerinage de Pâques. Ces voyages réalisés de façon indépendante seraient hors de portée, d’où l’intérêt du soutien de l’agence gouvernementale.

Selon un article paru dans « The Vanguard » l’année dernière, le gouvernement fédéral (FG) a dépensé 7.9 milliards de nairas pour subventionner le voyage de 65 167 pèlerins au Hadj. Alors que l’économie est en récession, ces pèlerins ont bénéficié d’une manne de devises qui s’élevait au total à soixante-cinq millions, cent soixante-sept mille dollars (65 167 $), soit 1000 $ par pèlerin.

Si ces fonds avaient été utilisés pour réparer ou créer des infrastructures publiques qui faciliteraient l’activité économique, le Nigéria s’en serait mieux porté. Il est évident que le parrainage public des pèlerins est un gaspillage. Cela ne contribue aucunement à l’amélioration de la situation du pays dans son ensemble.

Bien que le Hajj à Makkah soit le cinquième pilier de l’Islam, le Coran dit explicitement que seuls ceux qui en ont la capacité financière et physique doivent se lancer dans ce périple. Pourquoi alors le gouvernement serait-il impliqué dans de telles affaires privées? Cela n’a aucun sens.

L’article 10 de la Constitution nigériane de 1999 stipule que: «Le gouvernement de la Fédération ou d’un État ne doit adopter aucune religion comme religion d’État». Lorsque le même gouvernement prend l’argent des contribuables, fruit de leur dur labeur, et l’utilise pour parrainer des pèlerins, il viole d’évidence une disposition constitutionnelle. Il est donc insensé que le gouvernement continue de subventionner les pèlerins aussi désireux soient-ils de visiter leurs lieux sacrés.

Une autre raison allant dans le sens de l’abandon de ces financements est la manière dont les économies des pays accueillant les pèlerins profitent de l’afflux de milliers de Nigérians. L’afflux massif de devises étrangères du Nigéria vers Israël et l’Arabie Saoudite permet d’améliorer les conditions de vie de leurs citoyens. Les pèlerins sont une manne financière rêvée pour ces terres sacrées. On imagine donc l’impact qu’auraient pu avoir ces sommes si elle avaient été dépensées au Nigeria et surtout l’impact sur l’ensemble de la population que ces sommes faramineuses auraient pu avoir.

Disons-le franchement : le parrainage des pèlerins par le gouvernement frôle l’acte de corruption. C’est le détournement volontaire des fonds publics pour des besoins personnels, en l’occurrence les besoins d’une petite frange de la population alors même qu’ils devraient profiter à l’ensemble de la population. Il est contraire à la constitution d’enrichir un petit nombre de privilégiés au dépens du bien commun. Par conséquent, les fonctionnaires qui continuent de subventionner les pèlerinages devraient être accusés de corruption. Ils enfreignent volontairement la loi.

Le gouvernement doit certes rester impliqué dans l’opération, il ne devrait parrainer que les quelques fonctionnaires des ministères de la santé et de la sécurité qui assisteront les Nigérians dans leurs rites sur les lieux du pèlerinage. Par ailleurs, le gouvernement devrait faciliter le voyage en s’assurant des qualité et capacité aéroportuaires. Cette approche serait d’ailleurs bénéfique à tout le monde.

Pour que nous puissions construire un Nigéria plaisant pour nous et les générations futures, nous devons mettre en place une gouvernance intelligente qui anticipe, reconnait et corrige les problèmes auxquels sont confrontés les citoyens. De cette manière nous serons capables de rendre de nouveau le Nigéria un grand pays attractif.

Ashton Dagana, analyste pour Africanliberty.org

Article publié en collaboration avec Libre Afrique.

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