Nigeria : Ngonzi Okonjo-Iweala va-t-elle prendre la tête de l’OMC ?


Lecture 3 min.
482CD350-D939-4245-857B-0EDDFB7F6177

Les deux finalistes en lice pour la direction générale de l’OMC sont enfin connus. Deux femmes : la Nigériane Ngonzi Okonjo-Iweala et la Sud-Coréenne, Yoo Myung-hee. Deux candidatures de taille. L’ex-ministre nigériane des Finances va-t-elle devenir la première femme et en même temps la première Africaine à diriger l’Organisation ?


Les noms des deux dernières candidates encore en lice pour succéder au Brésilien Roberto Azevêdo, qui a démissionné le 31 août dernier, soit un an avant le terme de son mandat, sont désormais connus. Il s’agit de la Nigériane Ngonzi Okonjo-Iweala et de la Sud-Coréenne, Yoo Myung-hee. Deux profils hautement qualifiés pour le job. Yoo Myung-hee, 53 ans, a fait toute sa carrière dans les rouages du ministère du Commerce de son pays, avant de devenir en 2019, la première femme à diriger ce ministère.

En 1995, au moment où l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT, en anglais) allait céder la place à l’OMC, elle a été chargée de ce dossier au ministère du Commerce de la Corée du Sud. Elle est également reconnue pour avoir dirigé les négociations sur des accords de libre-échange, notamment celui liant la Chine à son pays. Donc ses chances pour être élue sont réelles.

Enfin l’heure de l’Afrique ?

Mais en face, la Sud-Coréenne a une économiste chevronnée qui a fait l’essentiel de sa carrière à la Banque mondiale qu’elle a raté de justesse de présider en 2012, en échouant face à l’Américano-coréen Jim Yong Kim. A 66 ans, Ngonzi Okonjo-Iweala passe pour l’une des femmes les plus puissantes de son pays, le Nigeria, où elle a été la première femme nommée ministre des Finances et à deux reprises, mais également la première femme ministre des Affaires étrangères.

Tout récemment, celle qui est la première personnalité africaine à siéger au Conseil d’Administration de Twitter, a également présidé l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination, et piloté un des programmes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans la lutte contre le Covid-19.
Aux yeux de nombreux observateurs, la Nigériane a toutes les chances pour remporter cette course. « Je crois qu’elle a fait du bon boulot, que ce soit au Nigeria ou dans les autres pays où elle a travaillé », a confié à l’AFP, Idayat Hassan, directrice du Centre for Democracy and Development, basé à Abuja.
Prenant déjà toute la mesure de la tâche qui l’attend au cas où elle sortirait victorieuse de ces élections, Ngonzi Okonjo-Iweala rassure qu’elle « n’a pas peur de gérer le conflit USA-Chine », pour avoir déjà géré des situations bien plus complexes en tant que ministre des Finances de son pays.

En effet, la guerre commerciale entre les deux géants, qui amène l’administration Trump à brandir la menace d’un retrait des Etats-Unis de l’OMC, est l’une des équations qu’aura à résoudre la nouvelle directrice générale de l’organisation qui sera, dans tous les cas, et pour la première fois, une femme. L’autre chantier sur lequel la prochaine dirigeante de l’Organisation est attendu, c’est la remise sur les rails d’un commerce mondial secoué par la pandémie du Covid-19.

C’est peut-être enfin l’heure de l’Afrique qui depuis la création de l’institution, il y a 25 ans, est le seul continent à ne l’avoir jamais dirigée.

Avatar photo
Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
Facebook Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News