Les autorités nigérianes ont tenté de camoufler un attentat de la secte islamiste Boko Haram dans la capitale économique du Nigeria, Lagos.
Le gouvernement nigérian aurait fait passer un attentat de la secte islamiste Boko Haram à Lagos, capitale économique du Nigeria, le 25 juin dernier, pour un accident. Il est intervenu quelques heures après l’explosion d’une bombe posée par le groupe islamiste extrémiste dans un centre commercial d’Abuja, qui avait fait 21 morts.
Les autorités auraient craint les effets néfastes que l’annonce de cet attentat dans la capitale économique du Nigeria aurait causé, selon des hauts diplomates. L’AFP s’est procuré des photos de l’explosion intervenue devant un des principaux dépôts de carburant de la ville. La nature criminelle de la déflagration ne fait pas de doute, selon cette agence de presse.
Renforcement du déploiement sécuritaire à Lagos
« Il s’agit à coup sûr d’un accident provoqué par l’usage de puissants explosifs », a analysé un vétéran d’Afghanistan et d’Irak par ailleurs spécialiste des engins explosifs improvisés (EEI), Bob Seddon, après visionnage des photos. « L’effet de souffle et le schéma de fragmentation provoquée par une explosion de gaz sont très différents », a-t-il expliqué. Le porte-parole du gouvernement fédéral, Mike Omeri, a annoncé que l’enquête de la police de l’Etat de Lagos « explorera toutes les pistes (…) qu’il s’agisse d’EEI, de voitures piégées ou d’un accident ».
Selon des témoins contactés sur place, il y aurait eu en fait deux explosions. La première a eu lieu près de l’entrée du dépôt de carburant tandis que la seconde est intervenue dans une rue adjacente, quand un monospace Toyota Sienna a explosé. « J’étais de garde ce soir-là. (…) Tout à coup, nous avons entendu une forte explosion et nous avons fermé le portail (…) Quelques minutes plus tard, une voiture garée au milieu de la route a explosé », a rapporté Samuel George, un gardien de 25 ans. « Mon collègue et moi avons été blessés par des éclats de métal provenant de la voiture. J’ai eu une coupure profonde sur le visage et depuis je n’ai pas pu retourner travailler. Plusieurs personnes ont été tuées, dont certaines que je connais », a-t-il précisé.
Le gouvernement de l’Etat de Lagos a renforcé le déploiement sécuritaire autour des infrastructures stratégiques de la ville et la capacité d’accueil en urgence des hôpitaux publics a été augmentée depuis le 25 juin. Le commissaire à la Santé, Jide Idris, a précisé que ces mesures étaient consécutives à l’état d’alerte national et non en raison de menaces particulières dans la ville de Lagos.