Le Président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a été traîné devant la justice par un député nigérian pour non respect de la Constitution au moment de venir en aide à des États en faillite au Nigeria.
Igariwey Iduma Enwo, député au parlement du Nigeria, a déposé une plainte contre le Président Muhammadu Buhari devant un tribunal d’Abuja. La raison : l’actuel Président du Nigeria a autorisé le déblocage d’une somme de 700 milliards de Naira destinés à des États du pays afin qu’ils puissent mettre fin au retard de salaire constaté dans certains endroits du pays.
« Buhari accusé d’avoir violé la Constitution »
Selon le député, le Président a autorisé un tel déblocage de salaire sans « respecter le processus mis en place par la Constitution du Nigeria ». Le député accuse le Président d’avoir violé l’article 164 de la Constitution nigériane qui prévoit qu’une telle décision ne peut être prise que sur l’aval de l’Assemblée nationale. Muhammadu Buhari se serait passé des députés.
Le même député demande au tribunal de déclarer la décision du Président non conforme à la Constitution et d’éviter qu’une telle situation se répète à l’avenir. Des sources indiquent que d’autres personnalités du pays ont soutenu la plainte déposée par le député Igariwey Iduma Enwo. Parmi ces personnalités figurent le procureur de la République, le ministre des Finances, la Commission fiscale et d’allocation des revenues, l’agent-comptable de la fédération et le bureau d’audit.
La décision du Président a été prise, cette semaine, pour venir en aide aux États du Nigeria en défaut de paiement. A cet effet, une somme de 2,1 milliards de dollars a été débloquée par le gouvernement fédéral pour éviter la catastrophe. La situation était d’autant plus urgente qu’au moins 12 États sur les 36 que compte le pays devaient 550 millions de dollars à leurs employés. Il faut dire que certains employés étaient restés sans salaire pendant sept mois. Une situation qui arrive à un moment critique où les revenus de l’État, qui dépendent largement de l’exportation du pétrole, ont connu une chute vertigineuse. A cela s’ajoute une corruption qui ne dit pas son nom. Le mois dernier, s’adressant aux Nigérians, Muhammadu Buhari avait fait savoir à ses citoyens que les caisses de l’État « étaient virtuellement vides ».
« Le régiment précédent pointé du doigt »
Le nouveau Président impute implicitement la responsabilité de la situation actuelle des finances publiques au gouvernement précédent dirigé par Goodluck Jonathan. « C’est le résultat de la mauvaise gestion que nous avons trouvée à notre arrivée au pouvoir », avait-il martelé. Une remarque du Président validée par des analystes économiques nigérians. C’est notamment le cas d’Akintola Owolabi, maître de conférence à l’École de Commerce de Lagos. « Ce que dit le Président est une évidence », dit Akintola Owolabi avant de poursuivre : « Nous savons à quel point le régime précédent avait abandonné les affaires ».