Les travailleurs nigérians protestent contre la hausse du prix du pétrole annoncée la semaine dernière par le gouvernement. Plusieurs manifestations plus ou moins violentes secouent le Nigeria depuis lundi, et les principaux syndicats du pays brandissent la menace de la grève. Le bras de fer se durcit.
Le gouvernement nigérian a annoncé jeudi dernier une augmentation de 50% du prix du carburant. En quelques jours le prix du litre d’essence à la pompe est passé de 20 à 30 naira (100 N = 1 dollar des Etats-Unis), celui du pétrole lampant de 17 à 27 naira, et celui du gasoil de 19 à 29 naira. La principale centrale syndicale du Nigéria, le Congrès nigérian du travail (NLC), et l’Association nationale des étudiants se sont immédiatement lancé à la tête d’une vague de protestation et de colère
Hier, des travailleurs ont manifesté leur mécontentement en bloquant plusieurs rues de la capitale nigériane, Abuja, et notamment les principaux accès à la résidence présidentielle et au Parlement. A Lagos, la capitale économique du pays, des travailleurs et des étudiants ont monté des barricades et brûlé des voitures, et d’autres manifestations ont également éclaté au nord de Lagos, à Abeoukuta, la ville natale du Président Olegun Obasanjo.
Barils de pétrole et situation explosive
Ce dernier, au pouvoir depuis un an, se trouve face à une crise économique de très grande ampleur qui risque de se transformer en crise de confiance. Du côté des syndicats et des étudiants, on critique son « incapacité à gérer les vastes ressources du pays » (cité par l’agence Pana), et cette mesure est vécue comme une trahison à l’égard des masses laborieuses.
La Société nationale du pétrole (NNPC) justifie une telle hausse par l’augmentation du prix du baril de pétrole brut qu’elle paie actuellement 20 dollars au lieu de 9. Dans ces conditions, la hausse décidée par le gouvernement est le seul moyen d’éviter les pénuries de carburant.
Hier, membres du gouvernement et responsables syndicaux se sont réunis à Abuja pour débattre du problème. Les Nigérians sont à présent dans l’attente d’un déblocage de la situation qui viendra peut-être de cette rencontre. L’association étudiante et le NCL ont menacé de durcir leur action et d’appeler à une grève illimité si une solution n’était pas trouvée demain.