Nigeria : la violence éclabousse le triomphe de Goodluck Jonathan


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Rester calme et respecter la loi. Ce sont les injonctions que Muhammadu Buhari, candidat malheureux à l’élection présidentielle du Nigeria, a adressé à ses partisans ce mardi sur la BBC pour désamorcer leur frustration. La situation dans le pays s’est quelque peu apaisée après les violentes manifestations de dimanche et lundi. La commission électorale nationale a annoncé lundi la victoire de Goodluck Jonathan avec 59% des voix.

Début de mandat mouvementé pour Goodluck Jonathan. Proclamé vainqueur de l’élection présidentielle, lundi, par la commission électorale nationale avec 59% des voix, les partisans de son principal rival, Muhammadu Buhari, ont violemment contesté, dès dimanche, sa réélection. La victoire du chrétien du Sud au poste de président de la République fédérale du Nigeria était pourtant annoncée. La formation politique de Goodluck Jonathan, le Parti démocratique présidentiel (PDP), domine la scène politique nigériane depuis l’avènement de la démocratie en 1999. Son candidat précédent, Umaru Musa Yar’Adua, issu du nord et mort en fonction l’année dernière, avait vu lui son élection contestée après qu’il eut gagné la présidentielle de 2007.

Le grand perdant de l’élection présidentielle 2011 a condamné ce mardi les heurts qui secouent le pays depuis dimanche. Muhammadu Buhari a déclaré à la BBC, en langue haoussa, qu’il « apprend avec peine l’éruption de la violence dans quelques parties du Nord à la suite de l’annonce des résultats de l’élection et les attaques contre des Eglises et des Chrétiens ». « Mon parti et moi, nous nous dissocions de ces évènements. J’ai contesté les élections en 2003 et en 2007 mais je n’ai jamais eu recours à la violence. Je n’ai pas de raison de le faire cette fois-ci. J’appelle le peuple à rester calme et à respecter la loi », a-t-il ajouté.

Une situation apaisée

Les heurts, qui ont éclaté le lendemain du scrutin présidentiel, ont fait près de 276 blessés et 15 000 déplacés selon la Croix-rouge. Les secours n’ont pas encore établi le bilan des morts suite aux émeutes. Le coordinateur de la Croix Rouge nigériane, Umar Abdul Mairiga, a déclaré mardi à l’AFP que « La situation s’est relativement calmée à présent, mais des manifestations violentes ont eu lieu pendant la nuit, tout spécialement (dans les Etas de) Kaduna, Katsina et Zamfara ». Il a également affirmé que « la colère monte chez ces déplacés car aucun secours ne leur parvient ». Les gouvernements des États touchés par ces violences ont pris des mesures pour ramener le calme. Le président a limogé ce mardi son ministre de l’Intérieur, Emmanuel Iheanacho, pour des « erreurs dans la conduite politique de son ministère en raison de son comportement personnel et officiel ».L’express indique que l’armée patrouille dans les villes du Nord, dont certaines, dont l’Etat de Kaduna, Kano, Sokoto et Bauchi ont instauré un couvre-feu.

Les premières manifestations se sont déroulées dans les villes de Kano, Kaduna, Katsina, Zamfara, Zaria, Sokoto et se sont étendues lundi à Jos, dans le centre du pays. Les émeutiers, armés d’armes blanches (gourdins, planches et couteaux) ont affronté les forces de l’ordre. Ils ont incendié un centre commercial et brûlé les résidences de quelques hauts fonctionnaires. Des partisans de Muhammadu Buhari, un musulman issu du Nord, s’en seraient également pris à des Eglises et à des chrétiens. La République pétrolière est minée par des tensions régionales et communautaires. Le pays est divisé entre Nord musulman et Sud chrétien.

Des accusations de fraude

Le principal parti d’opposition, le Congrès pour le changement progressif (CPC) a déposé une plainte auprès de la commission électorale pour irrégularité durant le scrutin présidentiel. « Il y a eu beaucoup d’irrégularités, par exemple à Kaduna et Sokoto », dans le Nord, a accusé Tony Momoh, le chef du parti du principal candidat de l’opposition à la présidentielle de samedi, Muhammadu Buhari. Goodluck Jonathan a remporté les élections de samedi avec 22 millions de voix, soit 59% contre 12 millions de voix pour son adversaire, soit 31% des voix. Des résultats exceptionnellement élevés en faveur du président élu ont été relevés dans certains bastions du sud dont l’Etat d’Akwa Ibom avec 95% ou encore Bayelsa, son Etat natal avec 99,63%, rapporte Le point. Mais les observateurs européens et africains ont globalement salué le bon déroulement dans le calme du scrutin.

Le président nouvellement élu a affirmé lundi que ces élections ont « montré au monde qu’ils(Nigérians) étaient capables d’organiser des élections libres, honnêtes et crédibles ». Il a en outre tendu la main à ses rivaux qu’il considère comme « non pas des opposants, mais des partenaires ».

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