Le Sénat nigérian a destitué aujourd’hui son président, Chuba Okadigbo, pour corruption et abus de pouvoir. Cette affaire est loin d’être un cas isolé dans le pays.
Après quinze ans de pouvoir militaire, de mauvaise gestion du pays, de négligence et de corruption, le changement démocratique intervenu il y a un an ne pouvait pas faire des miracles. Le groupe anti-corruption Transparence Internationale place le Nigeria à la 27ème place des pays les plus corrompus, mais selon la BBC « même des Nigérians très patriotiques vous diront que leur pays est dans les dix premiers ».
Dès son arrivée au pouvoir, le Président Olegun Obasanjo a fait de la corruption son principal cheval de bataille. Décidé à nettoyer les placards de l’Etat de tous leurs encombrants cadavres, il s’est attelé à une tâche difficile, pour ne pas dire impossible. Pour preuve, les récents événements qui ont secoué le Sénat nigérian.
Un rapport publié le 2 août dernier accuse le président du Sénat et troisième homme de l’Etat nigérian, Chuba Okadigbo, d’abus de pouvoir, de flagrante indifférence aux lois et d’enrichissement personnel. Ce rapport avait provoqué à sa sortie une rixe à l’Assemblée, et lundi dernier, des étudiants pro-Okadigbo ont bousculé le Président Obasanjo en visite dans la province d’Anambra, dont est originaire Okadigbo.
Chassez le naturel…
Tout ceci n’a pas empêché le Sénat de voter à 81 voix contre 14 la destitution de son président pour corruption. Ce dernier aurait détourné 37 millions de nairas (370 000 dollars) de fonds publics, mais dément formellement toutes ces accusations.
En marge de cette affaire, on peut également noter le détournement de près de 100 millions de nairas par six responsables de la Banque mondiale au Nigéria, avec la complicité des responsables du ministère de l’Agriculture, l’argent devant être consacré initialement à des projets agricoles. Le rapport de la commission d’enquête, publié par le journal nigérian The Comet, indique que ces personnes ont acheté tracteurs, ordinateurs, et groupes électrogènes obsolètes au prix du neuf.