Evasion spectaculaire serait-on tenté de dire, à voir de près les explications fournies par Francis Collomp qui a vécu onze longs mois de captivité, entre les mains du groupe Boko Haram, au Nigeria. Ce jeudi soir, le sexagénaire a rompu le silence.
Pour la première fois depuis son évasion le 16 novembre dernier au Nigeria, l’ex-otage, Francis Collomp, capturé par Boko Haram depuis décembre 2012, rompt le silence et explique comment il s’est libéré tout seul.
« J’ai couru dans une petite allée vers la route. Puis une fois sur la route, j’ai pris un rythme de marche rapide pour ne pas me faire remarquer », raconte l’ex-otage Francis Collomp, qui s’est évadé des mains de Boko Haram, après une détention de près d’un an dans le nord du Nigeria. Il s’exprimait publiquement pour la première fois depuis son évasion. Invité sur le plateau de TF1 ce jeudi soir, l’ingénieur français est revenu sur les circonstances de son évasion. Il assure que son geôlier, après être entré dans sa cellule, a tout simplement oublié les clés sur la porte. « Pendant qu’il était dans la salle de bain, tout doucement, j’ai déclenché la porte ouverte. J’avais mes affaires prêtes pour partir et je l’ai enfermé », raconte l’ingénieur de 63 ans. Une fois sur la route, Francis Collomp dit avoir ensuite demandé à une moto-taxi de le conduire à un poste de police dans la ville de Zaria, dans le nord du Nigeria.
Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les catalyseurs
Si les deux journalistes français Claude Verlon et Ghislaine Dupont n’avaient pas été abattus à Kidal, au Mali, le 2 novembre dernier, sans doute que Francis Collomp serait encore en train de méditer sur son sort dans sa cellule, voyant comment mûrir le meilleur plan. « Il y a eu l’histoire des journalistes tués, ce qui m’a influencé à prendre une décision », révèle Francis Collomp qui faisait ainsi allusion aux envoyés spéciaux de Radio France internationale (RFI), Ghislaine Dupont et Claude Verlon, enlevés et tués par balles par les terroristes, le 2 novembre dans le nord-est du Mali, à Kidal. Pourtant, à un moment donné, bien avant qu’il ait eu des idées de s’évader, l’ingénieur avait espoir d’être libéré. Sans suite. « J’étais au courant des transactions en vue de ma libération. Je devais être libéré en juin, ce qui ne s’est pas fait. Ensuite on m’a dit que les choses étaient au point mort », se remémore-t-il amèrement.
Une perte de poids déterminante
Francis Collomp avait, d’après son témoignage, longuement préparé à s’évader. Sauf qu’il lui fallait attendre le moment opportun pour se dérober et ne pas prendre trop de risque. Car, « une évasion, ça se prépare », reconnaît-il. « C’est très difficile de trouver psychologiquement l’instant-clé. Je me suis forcé et motivé pour faire 10, puis 15 km par jour dans ma petite cellule. Je marchais trois mètres d’un côté, 2,5 de l’autre », lâche-t-il. Pour parvenir à son but de retrouver sa famille et prendre le moins de risque possible, Francis Collomp a ainsi tout fait pour maintenir sa forme physique, malgré des conditions de détention difficiles. L’ingénieur, privé de médicaments après un pontage coronarien, n’absorbait que de l’aspirine. Il explique avoir perdu 38 kilos durant sa détention. Cette perte de poids, selon Francis Collomp, a été décisive dans la mesure où elle lui a non seulement permis de conserver sa santé bonne, mais aussi et surtout, facilité sa mobilité et lui permettre de s’évader au moment opportun, sans être rattrapé par ses ravisseurs.
Rappelons que Francis Collomp avait été capturé le 19 décembre 2012 par une trentaine d’hommes appartenant au groupe islamiste Boko Haram, dans le nord du Nigeria où il travaillait sur un projet de ferme éolienne. Il s’est donc évadé un 16 novembre de l’an 2013.
