Alors que Boko Haram continue de mener des attaques sanglantes dans le nord du Nigeria, le Président Goodluck Jonathan a admis avoir sous-estimé le groupe armé, dans le journal « The Day ». Une sortie médiatique qui sonne comme un aveu d’impuissance, tant les autorités semblent désemparées par les disciples d’Abubakar Shekau.
Le Nigeria ne cache plus son désarroi face à Boko Haram. La sortie médiatique du Président Goodluck Jonathan dans le journal privé The Day révèle l’impuissance des autorités face à l’insurrection armée. Le dirigeant nigérian a admis avoir sous-estimé le groupe terroriste qui sème la terreur dans le nord du pays. « Probablement, au début nous – je veux dire mon équipe et moi-même – avons sous-estimé les capacités de nuisance de Boko Haram. De nombreux responsables sécuritaires ont fait dans le passé des déclarations minimisant la portée du groupe ».
Le Président nigérian a également annoncé dans cette interview que l’armée nigériane était dotée d’un nouvel arsenal militaire plus sophistiqué, soulignant même que le chef de Boko Haram, Abubakr Shekau, sera arrêté avant les élections générales, dont la Présidentielle, qui auront lieu dans moins de six semaines. Seulement, cette note d’espoir semble sonner faux face à la réalité du terrain avec Boko Haram qui continue de faire sa loi. Ce dimanche, une petite fille kamikaze de sept ans s’est fait exploser causant la mort d’au moins sept personnes dans la ville de Potiskum. Un attentat qui révèle que depuis 2009, le nord du Nigeria est complètement à la merci de Boko Haram. Le groupe terroriste a tué plus de 13 000 personnes depuis 2009, provoquant le déplacement de milliers de populations.
Les autorités nigérianes n’ont jusqu’à présent jamais réussi à maîtriser le groupe armé qui a toujours une longueur d’avance et n’a jamais cessé de les narguer. Face à leur impuissance, des habitants de certains villages du nord se sont constitués en une armée d’autodéfense pour protéger les leurs. Il faut aussi dire que Boko Haram dispose d’un arsenal militaire sophistiqué que même l’armée nigériane n’aurait pas. Sans compter que le groupe armé est très organisé contrairement aux apparences et est capable de combattre sur plusieurs fronts. Il dispose de bases au Cameroun, plus récemment à la frontière entre le Niger et le Nigeria et même au nord-Mali, selon les informations de l’ONU.
Les dirigeants africains ont pris conscience de la menace Boko Haram. L’Union Africaine lui a consacré son dernier sommet à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, appelant à la formation d’une force de 8 500 hommes pour contrer le groupe terroriste. Le Tchad, le Cameroun et le Niger sont désormais fermement engagés dans la lutte armée contre l’organisation terroriste. Les trois pays ont déployé leurs troupes pour tenter de mettre fin à son expansion dans la sous-région. Boko Haram n’a en effet pas l’intention de s’arrêter au Nigeria mais compte bien étendre ses tentacules dans les pays voisins. Reste à savoir si leur front commun sera suffisamment efficace pour anéantir définitivement l’organisation d’Abubakar Shekau…