Les 20 millions d’habitants de Lagos sont confinés depuis plusieurs jours à cause de la pandémie du Coronavirus qui sévit dans le pays. La criminalité est en hausse par la même occasion. Des gangs sèment la terreur dans les communautés et se livrent à une razzia sans pareille dans de nombreux quartiers.
Le confinement ordonné par l’État nigérian est entré en application afin de lutter contre la propagation du Covid-19 qui sévit actuellement dans le monde. Les mesures sont très rigoureuses et ne permettent pas l’exercice d’activités économiques non essentielles. Ceci constitue un réel problème dans la mesure où de nombreuses familles nigérianes n’arrivent à subvenir à leurs besoins que grâce à l’économie informelle. D’ailleurs, on note, depuis quelques jours, une hausse de la criminalité dans la ville. Des groupes armés de machettes et de couteaux se livrent à des actes de pillage dans les quartiers de Lagos.
La criminalité comme une norme
Cette situation occasionnée par le Coronavirus vient rejoindre la longue liste de foyers de tension présents au Nigeria. Les conflits entre les éleveurs peulhs et les agriculteurs ne sont plus à présenter tandis que le spectre du groupe terroriste Boko Haram hante constamment les populations. La liste est loin d’être exhaustive. D’ailleurs en mars dernier, une manifestation organisée par les évêques du Nigeria dénonçait les enlèvements et tueries dont étaient victimes les religieux dans le pays.
Avec la reconduction, pour deux nouvelles semaines, du confinement par le Président Muhammadu Buhari le lundi13 avril, la crise sécuritaire actuelle ne risque pas de s’arranger. C’est pour cela que l’inspecteur général de la police a donné l’ordre de déployer immédiatement des forces de sécurité dans les Etats de Lagos et d’Ogun. Cette action a permis de mettre la main sur 191 suspects. Parallèlement, plusieurs habitants d’Agbado, quartier situé à la limite de Lagos et Ogun, érigent des barricades de la tombée de la nuit au lever du jour. Armés de couteaux, haches et autres, ils tentent de dissuader les gangs qui pourraient s’en prendre aux familles.
Des efforts louables mais insuffisants
Muhammadu Buhari a annoncé, dans son discours télévisé du 13 avril, que les aides de l’Etat passeraient de 2,6 à 3,6 millions de foyers dans les deux semaines à venir. L’Etat procédera également à une distribution de 70 000 tonnes de céréales à l’endroit des personnes les plus défavorisées. Bien que louables, ces efforts demeurent insuffisants car, selon l’organisation World Poverty Clock, plus de 87 millions de personnes vivaient sous le seuil de l’extrême pauvreté au Nigeria, en 2018.
Un récent communiqué de Human Rights Watch (HRW) a appelé le gouvernement à « mettre en place des mesures qui allient les efforts de santé publique pour empêcher la pandémie de se propager et empêcher que les plus pauvres et les plus vulnérables ne voient leur vie détruite ».
En attendant que ces préconisations soient effectives, la plus grande économie d’Afrique vit une crise sociale indescriptible, tandis que le coronavirus poursuit sa progression. De 323 cas déclarés lundi pour 10 décès, le pays compte aujourd’hui 442 cas confirmés et 13 décès pour 152 personnes guéries.