Le président nigérian Goodluck Jonathan cède à la pression de Boko Haram en autorisant la libération de plusieurs suspects emprisonnés pour « activités terroristes ». Alors que le chef d’Etat avait déclaré, il y a une semaine à la télévision, l’état d’urgence dans trois Etats du nord-est du Nigeria pour y déployer des renforts militaires afin de lutter contre la secte islamiste. Il semble fragile face à la menace terroriste. Décryptage.
Boko Haram trop fort pour Goodluck Jonathan ? A la suite des demandes du comité présidentiel, le quartier général des armées va libérer plusieurs suspects incarcérés pour « activités terroristes », dont des femmes. C’est en tout cas ce que le ministère nigérian de la Défense a annoncé hier, mardi 21 mai.
« Selon le communiqué, cette mesure s’inscrit dans le cadre des demandes du comité présidentiel, mis sur pied pour étudier une éventuelle amnistie des islamistes », rapporte RFI. Et d’ajouter : « Dans les faits, ces demandes de libérations ont été réclamées par les membres de Boko Haram comme préalable au dialogue, à maintes reprises, notamment lors de la diffusion de vidéos d’otages ».
Le président nigérian Goodluck Jonathan cède ainsi à Boko Haram avec cette libération annoncée des islamistes. Alors que le chef d’Etat avait déclaré, il y a une semaine à la télévision, l’état d’urgence dans trois Etats du nord-est du Nigeria (Borno, Yobe et Adamawa) pour y déployer des renforts militaires afin de lutter contre la secte islamique. Au cours de ce discours télévisé, il avait alors affirmé : les attaques répétées de la secte islamiste est une « déclaration de guerre ». Le chef d’Etat avait promis des mesures « extraordinaires » pour sécuriser cette région nigériane en proie à des attentats perpétrés par le groupe terroriste.
Goodluck Jonathan, un président impuissant
Force est de constater que Goodluck Jonathan ne sait plus sur quel pied danser avec Boko Haram. Le président nigérian change régulièrement de position oscillant entre une solution politique et une lutte armée contre la secte islamiste.
En déployant les grands moyens au nord-est du pays, les autorités nigérianes avaient ainsi mis entre parenthèse la solution politique à la crise sécuritaire que traverse le Nigeria. Et cette libération de terroristes annoncée contredit la supposée volonté de l’Etat à lutter contre le groupe terroriste qui ne reconnait pas le président élu car il est chrétien, et cherche à instaurer une République islamique au Nigeria.
A se demander si Goodluck Jonathan est vraiment l’homme de la situation. Le chef d’Etat ne disposant pas des leviers pour venir à bout de Boko Haram a demandé le soutien du Niger, son voisin, dans la lutte contre les islamistes.
La secte islamiste, qui s’attaque aux chrétiens et à l’Etat nigérian, est devenu en outre un problème pour l’Occident. Car elle commet également des prises d’otage contre les ressortissants occidentaux. Rappelons que Boko Haram a détenu pendant deux mois la famille française Moulin-Fournier, enlevée le 19 février à l’extrême nord du Cameroun, avant de relâcher les sept otages français, dont quatre enfants, le 19 avril. Et c’est le président camerounais Paul Biya, en collaboration avec le ministre français des Affaires étrangères, qui a contribué à cette issue favorable. Quant au président nigérian, il aurait libéré des activistes islamistes.
Et pourtant, Boko Haram a continué son combat armé. La libération des suspects emprisonnés pour « activités terroristes » n’est donc pas une solution en vue d’instaurer un dialogue avec le groupe terroriste. Le président nigérian Goodluck Jonathan ne l’a pas encore compris.