Des syndicats appellent les Nigérians à observer une grève générale, ces lundi et mardi, pour contester les élections du mois dernier, qu’ils jugent frauduleuses. Ce mouvement se veut symbolique car son lancement intervient la veille de l’investiture du président Umaru Yar’Adua.
Le président Umaru Yar’Adua sera investi mardi dans un climat hostile. Des syndicats du pays organisent, ces lundi et mardi, une grève générale pour contester les élections générales et présidentielle. Le Congrès des syndicats (Trade Unions Congress, TUC), le Congrès du travail du Nigeria (Nigeria Labour Congress, NLC) et la société civile entendent ainsi protester contre les fraudes et violences « inacceptables », et parfois mortelles, lors des scrutins. « Nous voulons dire au monde, nous voulons dire aux Nigérians que les élections ont été massivement truquées », a déclaré Nuhu Toro, vice-président du NLC, à la BBC. Des violations que des partis d’opposition, le prix Nobel de la paix nigérian Wole Soyinka et des observateurs nationaux et internationaux avaient par eux-mêmes constatées.
Calme dans les rues de Lagos et Abuja
Le reporter de la BBC à Lagos, la capitale économique, indiquait ce lundi matin que des banques et des bureaux sont fermés. La circulation routière était fortement et inhabituellement réduite et peu de personnes étaient présentes dans les rues. Une situation qui aurait pu être le fait d’une rumeur disant que lundi et mardi étaient fériés en raison de l’investiture d’Umaru Yar’Adua. A Abuja, on rapporte plus d’activité, mais les locaux du gouvernement étaient fermés. Interrogé par l’AFP sur les répercussions du mouvement sur le secteur pétrolier, John Kolawole, secrétaire général du TUC, a expliqué qu’il « ne pense pas que la production sera interrompue ». Cependant, il a admis que le traitement de l’or noir pouvait pâtir de la grève.
C’est dans ce contexte, et après une tournée africaine, qu’Umaru Yar’Adua succédera à Olusegun Obasanjo à la tête de la fédération de 130 millions d’âmes. Sa réputation d’homme intègre, qui a fait de la lutte contre la corruption sa priorité, ne suffit pas à rassurer les Nigérians qui se sentent floués. Pour eux, le nouveau chef de l’Etat reste une marionnette de son prédécesseur. Alors que deux candidats de poids de l’opposition ont déposé un recours devant une cour pour remettre en cause la valeur des résultats, Wole Soyinka a appelé mardi dernier à l’annulation des résultats. Soutenu par 40 autres prix Nobel, il craint que de nouvelles violences éclatent dans le pays à cause du manque de légitimité du nouveau gouvernement.