Nigeria : des villages entiers dévastés par des décennies de marée noire


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Puit de pétrole
Puit de pétrole

Avant que le pétrole ne se répande sur les terres autrefois vertes et fertiles de la petite ferme agricole située dans le sud-est du Nigeria de Martha Alfred, celle-ci récoltait jusqu’à 20 sacs de manioc par an. En août dernier, une catastrophe est survenue, provoquée par une fuite d’hydrocarbures en provenance de Shell, une société anglo-néerlandaise basée à Ikarama-Okordia.

Des terres désolées, une population laissée à elle-même

Âgée de 33 ans, la mère de 2 enfants explique à l’AFP que les déversements du pipeline de Shell ont appauvri le sol. A ce malheur se sont ajoutées des pluies diluviennes responsables de l’inondation de son exploitation. N’ayant plus le choix, elle a dû abandonner son activité et s’est désormais reconvertie à la vente de poisson au marché local.

Martha avoue avec colère et tristesse que son cœur saigne à chaque fois qu’elle pense au déversement et à l’inondation. Elle révèle non sans tristesse que des équipes de Shell seraient venues à elle, lui promettant un soutien qui tarde à se concrétiser.

Rassemblant plusieurs villages d’agriculteurs et de pêcheurs, Ikarama-Okordia est à ce jour l’un des endroits les plus pollués dans le delta du Niger, la région la plus prolifique en gaz et en pétrole au Nigeria.

Les groupes armés pointés du doigt pour le désastre écologique

Le pipeline du groupe néerlandais Shell, qui traverse une zone habitée par près de 50 000 personnes, a été saboté et attaqué par les rebelles, à plusieurs reprises, au cours des 20 dernières années. Entre 2009 et 2018, Shell rapporte qu’il a recensé jusqu’à 21 fuites.

Les habitants de cette région ainsi que les groupes armés du delta sont accusés par les compagnies pétrolières d’être responsables de l’essentiel des incidents survenus. Le chef de la communauté d’Ikarama, Morris Lamiengha, assure à l’AFP que tous les incidents recensés dans la zone ne sont pas tout à fait le résultat des sabotages. Plusieurs défaillances techniques en sont aussi responsables.

Selon lui, Shell travaillerait avec des jeunes de la région ainsi que les entrepreneurs dont la tâche est d’endommager de façon délibérée les pipelines. Le but de la manœuvre serait alors d’obtenir des contrats lucratifs pour la réhabilitation et la surveillance des exploitations.

Shell déclare assumer ses responsabilités

La compagnie pétrolière assure qu’elle respecte ces engagements en ce qui concerne le nettoyage et l’assistance des communautés touchées par le désastre écologique. Elle le ferait sans tenir compte de l’origine de la fuite, car la législation nigériane le lui impose.

Le porte-parole du groupe au Nigeria, Bamidele Odugbesan, assure que Shell jouera toujours sa partition. Il pointe plutôt du doigt la re-pollution comme principale source du problème.

Pour l’heure, c’est l’écosystème et les populations qui pâtissent le plus de cette situation.

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