Au Nigeria, des équipes gouvernementales de gestion des urgences distribuent des couvertures et de l’eau à des milliers de personnes qui ont dû quitter la ville de Maiduguri, dans le nord-est du pays, suite à des affrontements entre les forces de sécurité nigérianes et un groupe armé prônant une application stricte de la loi islamique.
A Maiduguri, les habitants qui sont restés dans la ville se terrent chez eux, et dans les magasins, les produits se font rares.
Les violences ont éclaté le 26 juillet, lorsque des membres de Boko Haram, groupe aussi connu sous le nom de « Talibans nigérians », ont attaqué un commissariat de police dans l’Etat de Bauchi, suite à l’arrestation de certains de leurs chefs. Les jours suivants, le soulèvement a gagné les Etats de Yobe, Kano et Borno.
Le 28 juillet, environ 3 000 personnes ont fui Bayan, un quartier de Maiduguri où ont eu lieu les derniers affrontements. Si beaucoup de déplacés sont rentrés chez eux, d’autres s’abritent maintenant dans les casernes militaires de Maimalari et Giwa, en banlieue de la ville, d’après ce que des habitants ont rapporté à IRIN.
Des membres de la Croix-Rouge nigériane distribuent des bâches en plastique et de la nourriture à une partie des personnes déplacées, en puisant dans les stocks de la Croix-Rouge locale. Les travailleurs humanitaires évaluent actuellement la situation dans les trois Etats touchés, d’après Attah Benson, chargé de la gestion des catastrophes.
Isa Azare, porte-parole de la police de Maiduguri, a indiqué à IRIN que la plupart des habitants ont fui après que les forces de sécurité ont bombardé le quartier général des Talibans nigérians et la maison de leur dirigeant, Mohammed Yusuf, en réponse à une attaque, par le groupe armé, du quartier général de la police, le 27 juillet.
L’Agence nigériane de gestion des urgences (NEMA) a également envoyé une équipe de secours à Bauchi, un Etat voisin, a annoncé son directeur, Mohammed Audu-bida, dans un communiqué du 28 juillet.
A Maiduguri, la plupart des rues ont été désertées le 29 juillet, les habitants encore sur place s’étant enfermés chez eux.
« Tous les marchés et magasins sont fermés à cause des combats », a dit à IRIN Suauwalu Hamisu, un habitant de la ville. « Dans les magasins du quartier, les stocks commencent à manquer ».
Shafiu Mohamed, un fonctionnaire de Maiduguri, a raconté à IRIN : « Je me suis réfugié dans cet hôtel, avec ma femme et mes six enfants, pour échapper aux affrontements qui ont lieu dans mon quartier. Je prie pour que les combats cessent bientôt, afin que je puisse retourner chez moi ».
Des témoins ont affirmé que les forces de sécurité avaient tiré sur des membres supposés du groupe extrémiste. La presse rapporte que dans les quatre Etats, plus de 300 personnes ont perdu la vie, la plupart d’entre elles à Maiduguri.
Un policier de Maiduguri a déclaré à IRIN, sous couvert d’anonymat, qu’il avait compté 197 morts parmi les « militants » et neuf parmi les agents de police. D’après lui, cinq des neufs policiers tués étaient encore en formation dans une école de police.
Le 28 juillet, Umaru Yar’Adua, président du Nigeria, a ordonné aux agences de sécurité de « prendre toutes les mesures nécessaires » pour mettre fin aux attaques.
M. Azare, porte-parole de la police, a expliqué à IRIN : « Tout ce que nous voulons, c’est que la violence cesse. Nous sommes confrontés à une situation délicate. Nous nous battons contre un groupe d’extrémistes que rien n’arrête… Ils sont allés jusqu’à attaquer notre quartier général. Ils sont venus par centaines, armés, et nous avons dû mobiliser toutes nos forces pour les repousser ».
D’après la presse locale, les tensions seraient de plus en plus fortes entre les partisans de M. Yusuf et les autorités locales, des menaces et des raids ayant été signalés ces dernières semaines.