Les hauts gradés de l’armée sont dans le collimateur d’Amnesty International. En effet, l’organisation, dans un rapport rendu public, ce mercredi, appelle la Cour pénale internationale à lancer des poursuites pour crimes de guerre contre des hauts gradés de l’armée nigériane impliqués dans la lutte contre Boko Haram.
Amnesty International mène une véritable lutte contre les crimes de guerre au Nigeria. Dans son rapport, l’organisation démontre que les militaires nigérians ont arrêté près de 20 000 jeunes hommes sans aucune preuve de lien avec le groupe terroriste Boko Haram. Ces jeunes ont été détenus arbitrairement, plusieurs milliers d’entre eux ont trouvé la mort. Face à ce rapport édifiant, Amnesty International appelle la CPI à lancer des poursuites contre ces militaires de l’armée.
Le document prénommé « Des galons sur les épaules, du sang sur les mains », a été fait sur la base de plusieurs entretiens, essentiellement avec des membres des forces armées nigérianes. Par ailleurs, pour réaliser son rapport, Amnesty International a pu se procurer des documents du ministère nigérian de la Défense. Ce rapport stipule que « les forces armées nigérianes ont procédé à plus de 1200 exécutions extrajudiciaires, elles ont arrêté, de manière arbitraire, au moins 20 000 personnes, en grande majorité de jeunes hommes et des adolescents, et ont commis d’innombrables actes de torture ».
Amnesty International va encore plus loin en désignant les cinq hauts gradés de l’armée en charge des opérations dans le nord-est du Nigeria, depuis 2012, et deux chefs d’état-major de l’armée et de chefs de l’état-major de la Défense dont la responsabilité individuelle et hiérarchique serait engagée et devraient faire l’objet d’une enquête. L’organisation a remis les noms de ces gradés à la Cour pénale internationale.
Dès la publication de ce rapport, l’armée a réfuté avec fermeté ces accusations. En effet, dans un communiqué, le porte-parole de l’armée nigériane, Chris Olukolade, accuse l’organisation « de vouloir servir des intérêts politiques avec ce rapport partisan et inventé, et a soutenu qu’aucune accusation n’a été étayée de preuves suffisantes contre ceux qu’Amnesty International cherche tant à condamner ».
Le Président du Nigeria, Muhammadu Buhari, en visite au Niger, a promis d’examiner le rapport en précisant que « le gouvernement ne ménagera pas sa peine pour promouvoir l’Etat de droit et s’occuper de tous les cas de violations des droits de l’Homme ».