Nigéria : Amnesty sonne l’alarme après l’inculpation pour haute trahison de 10 manifestants


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Dix jeunes Nigérians font face à des accusations de haute trahison pour leur participation à des manifestations. Amnesty International réagit vivement.

Le Nigeria est de nouveau au cœur d’une tempête judiciaire qui secoue les fondements de son système démocratique. Dix jeunes manifestants, accusés de haute trahison, ont comparu devant la Haute Cour fédérale d’Abuja. Leurs crimes présumés ? Avoir participé à des manifestations contre la mauvaise gouvernance, la corruption et la fin des subventions sur le carburant. Alors que leur procès est programmé pour le 11 septembre, la communauté internationale, représentée par Amnesty International, exprime son indignation face à ces accusations qu’elle juge disproportionnées.

Des accusations graves aux conséquences fatales

Le tribunal accuse ces dix jeunes d’avoir prémédité un complot visant à déstabiliser le Nigeria, entre le 1er juillet et le 10 août. Selon les autorités, ces manifestations avaient pour but non seulement de dénoncer la mauvaise gestion du pays, mais aussi d’inciter à la mutinerie et de déstabiliser le gouvernement en place. Les chefs d’accusation, au nombre de six, incluent des crimes passibles de la peine de mort en vertu des articles 96 et 97 du code pénal nigérian.

Les accusés, qui ont tous plaidé non coupables, ont été placés en détention provisoire en attendant que la Haute Cour délibère sur leur sort. Les familles des prévenus, tout comme de nombreux Nigérians, vivent dans l’angoisse, craignant que ces jeunes ne soient victimes d’un procès politique déguisé en une procédure légale.

Amnesty International monte au créneau

Face à cette situation, Amnesty International a réagi avec fermeté, dénonçant une tentative de museler toute forme de contestation au Nigeria. Pour Isa Sanusi, directeur pays de l’organisation, les accusations portées contre les manifestants sont non seulement disproportionnées, mais aussi dangereuses pour la démocratie. « La trahison est une accusation très grave, passible de la peine de mort. Nous sommes profondément préoccupés par ce qui pourrait arriver à ces jeunes. Ces accusations doivent être abandonnées immédiatement« , a-t-il déclaré.

Amnesty International dénonce également le manque d’assistance juridique dont sont victimes les accusés. « Maintenir quelqu’un en détention pendant un mois sans accès à un avocat est inacceptable. Cela montre à quel point ces procès sont injustes« , a ajouté Sanusi. L’organisation a promis de faire pression sur le gouvernement nigérian pour que ces jeunes soient libérés et pour empêcher que ce qu’elle considère comme un « simulacre de procès » ne se déroule.

Un climat de peur instauré par le gouvernement ?

Selon Amnesty International, ces procès servent avant tout à dissuader toute future contestation contre le gouvernement. En accusant les leaders des manifestations de trahison, le gouvernement nigérian enverrait un message clair : toute tentative de critique ou de révolte sera sévèrement réprimée. « C’est une stratégie pour faire taire ceux qui oseraient remettre en question les décisions du gouvernement« , affirme Sanusi.

Cette répression, qui n’est pas sans rappeler des méthodes dictatoriales, soulève des questions sur l’état actuel de la démocratie au Nigeria. Si ces jeunes sont reconnus coupables, cela pourrait marquer un tournant dangereux dans la manière dont le gouvernement gère la dissidence.

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