Depuis plus d’une dizaine d’années, des groupes armés djihadistes sèment la terreur dans le nord-est du Nigeria. Les jeunes sont les plus touchés par l’insécurité qui en découle. C’est en tout cas la conclusion d’un rapport rendu public, ce 27 mai. Amnesty international mène l’enquête à propos de ces violences commises par les djihadistes, d’une part, et les forces armées, d’autre part.
Le rapport d’enquête publié par Amnesty met en lumière, et de façon assez étonnante, les irrégularités perpétrées par l’armée. Elles portent sur des actes de violence et de torture dans des casernes, notamment celle de Giwa et la base militaire de Kainji.
Des conditions de détention exécrables
Sur place, jeunes ayant échappé aux violences et ex combattants ayant rendu les armes dans l’optique d’une réinsertion dans la vie civile, vivent ensemble. Un jeune de 14 ans, interrogé par l’ONG a fait des révélations plutôt troublantes : « Les conditions à Giwa sont tellement horribles qu’on pourrait en mourir. Il n’y a pas d’endroit pour s’allonger. Il fait chaud, tous les habits étaient mouillés, comme si on nous avait mis dans le fleuve […] Jusqu’à présent, personne ne m’a dit pourquoi j’ai été emmené là-bas, ce que j’ai fait, pourquoi j’étais en détention. Je me demande pourquoi j’ai fui [Boko Haram] ». Dès lors, les estimations d’Amnesty faisant état de 10.000 jeunes ayant perdu la vie en détention n’ont rien d’étonnant.
Boko Haram, l’autre visage de l’enfer
Fort logiquement, l’enquête met également en avant la violence dont fait preuve Boko Haram. Les djihadistes procèdent, très souvent, à des kidnappings de jeunes, comme ce fut notamment le cas pour les lycéennes de Chibok. Très remarqué, ce rapt avait été à l’origine du désormais célèbre slogan « Bring back our girls ». Précisons que les garçons enlevés par ces djihadistes finissent comme enfants soldats tandis que les adolescentes, pour leur part, sont mariées de force.
Dans son rapport, Amnesty préconise une libération et un soutien à ces jeunes au risque de voir toute une génération sacrifiée. Au sein de cette région où les attentats sont monnaie courante, un centre de coordination humanitaire avait été attaqué, en janvier dernier. En mars, le groupe Etat islamique prenait en embuscade des soldats de l’armée, faisant au minimum 70 morts.