Début janvier, l’armée nigériane a brûlé des villages entiers et déplacé de force leurs habitants, selon Amnesty International. Bien que maladroite, cette façon de faire serait liée à la recrudescence des attaques orchestrées par Boko Haram, le groupe terroriste qui sème la terreur au Nigeria, depuis plusieurs années.
Depuis décembre 2019, les attaques perpétrées par Boko Haram se sont multipliées dans la partie nord-est du Nigeria. Une récente mission conduite par Amnesty International dans l’Etat de Borno a mis en lumière le fait que l’armée nigériane emploie des méthodes peu orthodoxes. Ces dernières ont d’ailleurs des répercussions majeures sur les civils et peuvent même être classées dans la même catégorie que les crimes de guerre. En effet, les 3 et 4 janvier 2020, plusieurs villages ont été brûlés par l’armée. Au nombre de ceux-ci, figuraient Bukarti, Ngariri et Matiri.
D’importants dégâts matériels
Le bilan de ces incendies perpétrés par l’armée nigériane est pour le moins conséquent. En effet, n’ayant pu emporter leurs affaires, les villageois ont pratiquement tout perdu. Bijoux, maisons, vêtements, rien n’a été épargné. Plus grave encore, même les récoltes, tellement vitales pour ces populations, ont été perdues.
D’après les propos d’un sexagénaire rapportés par Amnesty international : « Toutes nos récoltes ont été détruites et une partie de notre bétail est mort ». Avec ces pertes, toute une planification et des projets sont partis en fumée, car comme l’a fait remarquer le vieil homme : « J’avais stocké une année de récolte. C’est ce que j’aurais vendu pour acheter des vêtements et d’autres affaires pour ma famille »
Une détention arbitraire assortie de mauvais traitements
Après que les villages aient été rasés, les habitants étaient convoyés dans un camp pour personnes déplacées. D’après leurs dires, ils ne s’y sentaient pas vraiment en sécurité : « Ils disent qu’ils nous ont sauvés de Boko Haram, mais c’est un mensonge. Boko Haram ne vient pas dans notre village », a par exemple déclaré à Amnesty International, un homme sensiblement âgé de 65 ans. Par ailleurs, six hommes originaires des villages rasés ont été mis aux arrêts par les forces armées nigérianes et maintenus captifs dans des conditions dégradantes pendant pratiquement un mois avant d’être relâchés.
Amnesty International tire la sonnette d’alarme
Osai Ojigho, directrice d’Amnesty International Nigeria a déclaré à ce propos : « Ils reproduisent une pratique établie de longue date, marquée par les méthodes brutales de l’armée nigériane à l’égard de la population civile. Les forces soupçonnées d’être responsables de ces agissements doivent être suspendues immédiatement et traduites en justice ».
Ces différentes actions de l’armée nigériane sont menées en réponse aux actes de violence perpétrés par Boko Haram dans les environs de Maiduguri-Damaturu. Elles sont vivement décriées par l’opinion publique.