L’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime a constaté qu’au Nigeria, acheter des votes est une habitude courante. Un quart des Nigérians ont déjà vendu leurs voix, au moins une fois, selon les conclusions d’un rapport rendu public le 6 décembre 2019.
L’achat de votes est une forme de corruption et les Nigérians semblent être déjà habitués à cette pratique. Les électeurs considèrent généralement que les hommes politiques qui accèdent au pouvoir ne font rien pour la population. Ils préfèrent donc commercialiser leur vote en échange d’espèces sonnantes. Pour Jonah Onuoha, professeur de sciences politiques à l’Université Nigeria Nsukka, qui s’est confié à RFI : « L’achat de vote, ça a ruiné le système politique nigérian. Plus personne n’a confiance dans le résultat de vote. Les résultats des élections ne sont plus lus en termes de crédibilité ou d’adhésion aux candidats. C’est seulement une question de qui peut payer le plus. Cela a détruit la politique ».
Un phénomène qui prend de l’ampleur
Ce n’est donc plus le soutien des populations qui garantit l’élection des hommes politiques, mais plutôt l’achat des votes. Les électeurs n’accordent d’ailleurs plus leurs voix à une personnalité ou un programme. L’argent permet de convaincre plus facilement et plusieurs électeurs y ont pris goût. Ils ne vont accomplir leur devoir civique qu’après avoir reçu de l’argent des politiciens en échange de leur vote. Selon le constat fait par Jonah Onuohan ayant travaillé dans la Commission nationale indépendante dans le sud du Nigeria : « C’est un phénomène rampant au Nigeria, ces derniers temps. Les votes sont vus comme des marchandises, c’est comme si on les vendait au marché. Ce n’est même plus caché ».
Il urge donc que la tendance soit inversée afin que les élections retrouvent une meilleure crédibilité au Nigeria. L’avenir de la nation et le bien-être des populations en dépendent également.