Niger : Wole Soyinka et des intellectuels africains s’unissent pour exiger la libération de Mohamed Bazoum


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Des intellectuels africains, dont les prix Nobel Wole Soyinka et Denis Mukwege, lancent un appel pour la libération de Mohamed Bazoum, ancien président du Niger.

La détention de Mohamed Bazoum, l’ancien président du Niger, suscite une indignation croissante à l’échelle internationale. Plus d’un an après son éviction lors d’un coup d’État militaire en juillet 2023, une trentaine de personnalités, dont les lauréats du prix Nobel Wole Soyinka et Denis Mukwege, ont lancé un appel dans une tribune publiée le 15 septembre 2024 pour exiger sa libération. Cette initiative s’inscrit dans un contexte où le silence autour de sa détention arbitraire devient de plus en plus insupportable pour de nombreux intellectuels africains et militants des droits de l’homme.

Une détention qui dérange : l’appel des Prix Nobel

Le 26 juillet 2023, Mohamed Bazoum a été renversé par un coup d’État mené par le général Abdourahamane Tiani. Depuis, l’ancien président et son épouse, Hadiza, sont maintenus en résidence surveillée à Niamey, sans qu’aucune charge précise ne leur soit formellement communiquée. Dans une tribune parue dans le journal Le Monde, des figures telles que Wole Soyinka, écrivain nigérian et lauréat du prix Nobel de littérature, ainsi que Denis Mukwege, médecin congolais et prix Nobel de la paix, dénoncent une « détention arbitraire » et appellent à la mobilisation internationale pour leur libération.

Selon les signataires, cette séquestration n’est rien d’autre qu’une manœuvre pour punir Mohamed Bazoum de ses actions en faveur de la démocratie, des libertés individuelles, et de la lutte contre la corruption au Niger.

Un combat pour les libertés et l’État de droit

La tribune souligne que Mohamed Bazoum paye cher son engagement pour l’État de droit et son opposition à la corruption. Ses efforts pour assainir la gouvernance nigérienne et combattre le détournement de fonds publics seraient à l’origine de son sort actuel. Achille Mbembé, philosophe camerounais et l’un des signataires de la tribune, a exprimé auprès de RFI son indignation face à l’abandon de Bazoum à ses « geôliers ». Il s’agit, selon lui, d’une injustice flagrante qui va à l’encontre des principes fondamentaux de la justice et de la démocratie.

Le couple présidentiel vit dans des conditions de détention particulièrement sévères, sans accès à l’extérieur, sous la surveillance constante d’hommes en armes. Aucune communication directe n’a été autorisée, et malgré les multiples accusations portées contre lui, aucun procès n’a encore eu lieu. Les signataires insistent sur le fait que cette détention bafoue non seulement les droits de l’ancien président mais aussi l’image d’un Niger aspirant à la justice et à la paix.

Un appel à la solidarité internationale

L’appel lancé par ces personnalités de renom ne vise pas seulement à dénoncer l’injustice dont Bazoum est victime, mais aussi à attirer l’attention de la communauté internationale et des responsables politiques africains sur la situation critique du Niger. Pour eux, la libération de Mohamed Bazoum doit devenir une priorité afin de restaurer un climat de confiance au sein du pays et dans la région.

Les putschistes, quant à eux, maintiennent leurs accusations contre Bazoum, l’accusant de complot contre l’État, de trahison, et même de financement du terrorisme, sans apporter de preuves concrètes. Cependant, pour les signataires de la tribune, il est clair que ces accusations visent à discréditer un dirigeant dont l’action a toujours été inspirée par le bien commun du peuple nigérien.

Des réactions contrastées au Niger

Si la tribune a trouvé un écho favorable chez de nombreuses personnalités à travers le monde, au Niger, les réactions sont plus mitigées. Certains soutiennent cet appel à la libération, tandis que d’autres estiment que le nouveau régime a le droit de poursuivre ses actions sans ingérence extérieure.

Cependant, l’isolement prolongé de Mohamed Bazoum et l’absence de toute procédure légale solide pour justifier sa détention continuent d’alimenter la controverse. Cette situation met en lumière les tensions qui existent entre la quête d’un État de droit et les dérives autoritaires dans certains pays africains.

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