Niger : une Suisso-Nigérienne enlevée à Agadez, l’État islamique suspecté


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Un homme armé (illustration)
Un homme armé (illustration)

Une femme de nationalités suisse et nigérienne, Claudia Abbt, a été enlevée dimanche soir 13 avril 2025 à Agadez, dans le centre du Niger. L’information a été confirmée par plusieurs sources sécuritaires et civiles locales. Le ministère suisse des Affaires étrangères a précisé que sa représentation diplomatique à Niamey est en contact avec les autorités nigériennes et que des vérifications sont en cours.

Claudia Abbt, de nationalités suisse et nigérienne, âgée de 67 ans, a été enlevée au Niger. Elle vivait à Agadez depuis plusieurs années. Linguiste et ethnologue de formation, elle était mariée à un Nigérien et menait diverses activités dans les domaines du tourisme, de l’artisanat et de la culture locale. Elle avait notamment fondé une association pour promouvoir les savoir-faire traditionnels de la région.

Un rapt en pleine nuit dans un quartier résidentiel

Selon les témoignages recueillis, l’enlèvement a eu lieu après la tombée de la nuit, dans le quartier Dagmanett 2, un secteur calme d’Agadez. Des hommes armés ont fait irruption au domicile de Claudia Abbt avant de repartir avec elle à bord de véhicules. Ils auraient ensuite pris la route vers l’ouest, en direction de la ville d’Ingall, avec pour destination probable la frontière malienne.

À ce stade, aucune revendication n’a été formulée. Cependant, les soupçons se tournent vers le groupe djihadiste « État islamique au Sahel » (EIS), très actif dans cette région du Niger. La méthode employée, la direction prise par les ravisseurs et le contexte sécuritaire renforcent ces présomptions.

Une région sous la menace djihadiste constante

L’enlèvement de Claudia Abbt survient dans une région marquée par une forte instabilité sécuritaire. L’État islamique au Sahel, en particulier, multiplie les attaques, les embuscades et les enlèvements dans la zone dite des « Trois frontières » (Niger, Mali, Burkina Faso). Les groupes armés y exercent une pression constante sur les populations civiles et les étrangers installés dans les zones reculées.

Le gouverneur de la région d’Agadez a confirmé l’enlèvement et les services de sécurité nigériens sont mobilisés, bien que les vastes étendues désertiques et la porosité des frontières rendent souvent les opérations de recherche extrêmement complexes.

Des précédents inquiétants dans la région et sur le continent

Ce nouvel enlèvement rappelle plusieurs affaires récentes. En janvier dernier, Eva Gretzmacher, une Autrichienne, avait également été enlevée à Agadez. Quelques jours plus tard, quatre chauffeurs de camions marocains disparaissaient près de Tera, toujours dans l’ouest du Niger. Ces actes avaient été attribués à l’État islamique au Sahel, qui semble multiplier les kidnappings à des fins de pression politique, rançon ou propagande.

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Au-delà du Niger, d’autres régions du continent connaissent également cette recrudescence d’enlèvements. Au Nigeria, Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest ont capturé des centaines de civils, notamment dans les États de Borno et Yobe. Au Mali, des ressortissants occidentaux, humanitaires ou missionnaires, sont régulièrement pris pour cibles par des groupes djihadistes.

Un climat d’insécurité persistant

Ces enlèvements s’inscrivent dans une tendance inquiétante qui affecte de nombreuses zones sahéliennes. Le ciblage d’étrangers, souvent perçus comme des leviers diplomatiques ou financiers, fragilise davantage les relations locales, dissuade les ONG et les investisseurs et met en péril les projets culturels ou éducatifs portés par des étrangers de longue date.

Alors que les enquêtes et les recherches sont en cours pour retrouver Claudia Abbt, la question de la sécurité des civils – locaux ou expatriés – dans les régions exposées reste plus brûlante que jamais.

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