Niger : une ONG française suspendue sans explication officielle


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L’ONG française Acted voit son autorisation d’exercer suspendue au Niger, un acte marquant l’escalade des tensions entre le régime militaire et les acteurs étrangers.

Mardi dernier, le ministère de l’Intérieur nigérien, sous la direction du général Mohamed Toumba, a signé un arrêté interdisant à l’ONG française Acted de poursuivre ses activités au Niger. La décision, qui retire l’autorisation d’exercice de cette organisation humanitaire présente depuis plus de 14 ans dans le pays, n’a été accompagnée d’aucune justification officielle, laissant planer un mystère autour des motifs réels de cette interdiction.

Un contexte de tensions croissantes avec la France

La suspension de l’ONG Acted s’inscrit dans une série de mesures hostiles à l’encontre de la France, menée par le régime militaire en place depuis le coup d’État de juillet 2023. Le gouvernement nigérien actuel, affirmant sa quête de « souveraineté nationale », a déjà ordonné le départ des troupes françaises et américaines, l’expulsion de l’ambassadeur de France, ainsi que la fermeture du centre culturel franco-nigérien. Acted, malgré son engagement humanitaire auprès des populations nigériennes, semble être la nouvelle cible de cette ligne politique de défiance envers les acteurs étrangers.

L’histoire de l’ONG Acted au Niger est marquée par des drames et des tensions. En août 2020, six de ses travailleurs humanitaires français ont été assassinés avec leur guide et leur chauffeur nigériens dans une attaque revendiquée par l’État islamique.

Cet événement tragique avait conduit à une suspension temporaire des activités de l’ONG, mais elle avait rapidement réaffirmé son intention de poursuivre sa mission sur le territoire nigérien. En 2021, Acted avait de nouveau été suspendu dans la région de Diffa, cette fois-ci pour des « connexions douteuses et subversives » avec des groupes terroristes présumés, des accusations que l’ONG avait fermement réfutées.

La souveraineté au cœur de la décision

Certains observateurs estiment que cette interdiction pourrait être liée à la volonté du Niger de renforcer sa souveraineté et de reprendre le contrôle des aides internationales. Sur les réseaux sociaux, des personnalités influentes, favorables au régime militaire, ont apprécié cette mesure, jugeant que « l’aide internationale doit respecter la vision, les valeurs et les besoins » du peuple nigérien. Cette déclaration laisse entendre que le gouvernement nigérien souhaite désormais imposer des conditions strictes aux ONG étrangères qui opèrent dans le pays.

Un impact humanitaire conséquent

Acted, au cours de ses 14 ans de présence, a apporté une aide vitale aux populations déplacées dans les régions de Diffa, Tahoua, Tillabéri et Niamey, touchées par l’insécurité. L’ONG est intervenue pour fournir de l’eau, de l’assainissement, et un soutien agricole aux populations victimes des conflits armés, ayant effectivement à plus d’un million de personnes. Cette interdiction pose donc la question du futur soutien humanitaire pour ces zones vulnérables, alors que les besoins demeurent criants face aux violences djihadistes qui sévissent dans l’ouest et le sud-est du pays.

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