Plus de 150 détenus, dont de nombreux membres de groupes djihadistes, se sont évadés de la prison de haute sécurité de Koutoukalé au Niger, jeudi 11 juillet 2024. Cette évasion spectaculaire représente un coup dur pour les autorités nigériennes, déjà confrontées à une forte insécurité dans la région. De nombreuses questions se posent sur la façon dont cette évasion a pu se dérouler et sur les complicités dont ont bénéficié les terroristes.
Les faits se sont déroulés aux alentours de 17 heures, heure locale, près de Niamey, au Niger. Les détenus de la prison de Koutoukalé, après avoir maîtrisé les gardiens, se sont emparés d’armes et ont pris le contrôle d’une partie de la prison. Profitant de la confusion, plus de 150 d’entre eux ont réussi à s’échapper.
Un garde pénitentiaire au moins a été tué lors de l’évasion. On ignore pour l’heure le nombre exact de blessés parmi les gardiens et les détenus. Mais surtout on ignore comment les détenus ont pu se rebeller si facilement dans cette prison de haute sécurité, particulièrement surveillée. En effet, il faut rappeler que la prison a déjà été par deux fois la cible d’attaque terroriste visant à libérer les prisonniers, et que par deux fois les tentatives avaient été déjouées.
Une vaste opération de recherche a été lancée par les forces de sécurité nigériennes pour retrouver les fugitifs. Une trentaine d’évadés seulement ont été repris et 150 seraient encore dans la nature.
Une prison symbole
Cette évasion est un revers majeur pour les autorités nigériennes, qui luttent depuis des années contre les groupes djihadistes présents dans le pays. Elle risque de renforcer ces groupes et de déstabiliser davantage la région. Elle va aussi dégrader l’image du gouvernement vis à vis de la population.
La prison de Koutoukalé, située à quelques kilomètres de Niamey, est l’une des plus grandes prisons du Niger. Elle abrite plus de 700 détenus, dont de nombreux membres de groupes djihadistes, mais aussi des trafiquants de drogue. Cette évasion est la plus importante jamais survenue au Niger.
Un contexte sécuritaire préoccupant
Cette évasion survient dans un contexte sécuritaire déjà préoccupant au Niger. Le pays est en proie à des attaques régulières de la part de groupes djihadistes, notamment Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO).
Face à cette situation, les autorités nigériennes ont annoncé qu’elles allaient mener une enquête approfondie pour déterminer les circonstances de cette évasion et prendre les mesures nécessaires pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise.
Le Niger est confronté à un risque terroriste élevé, en grande partie en raison de sa position géographique stratégique au cœur du Sahel. Le pays est la cible d’attaques fréquentes de groupes terroristes, qui profitent de la porosité des frontières et des vastes étendues désertiques pour mener leurs opérations. Cette situation complique les efforts du gouvernement pour stabiliser le pays et assurer la sécurité de ses citoyens.
D’autres évasions spectaculaires en Afrique
L’évasion de Koutoukalé n’est pas un cas isolé sur le continent africain. En 2013, plus de 1 000 prisonniers se sont évadés de la prison de Kuja à Abuja, au Nigeria, suite à une attaque de Boko Haram. En 2017, une évasion massive a eu lieu à la prison de Makala en République démocratique du Congo, où des hommes armés de la secte chrétienne du Bundu dia Kongo avaient pris d’assaut la prison pour libérer leur chef.
Ces incidents illustrent les défis sécuritaires majeurs auxquels font face plusieurs pays africains. En effet, les systèmes carcéraux sont souvent sous-financés et vulnérables à la corruption et aux attaques armées.