La justice nigérienne va trancher le 12 février prochain sur le caractère légal ou non des enregistrements téléphoniques sur lesquels reposent les charges retenues contre Moussa Kaka. Le journaliste nigérien est écroué depuis plus de trois mois à Niamey pour des liens présumés avec les rebelles touaregs. Deux journalistes français devaient également être entendus mardi et mercredi pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ».
Moussa Kaka devra encore attendre. Le correspondant de Radio France international au Niger devait connaître mardi la décision de la cour d’appel de Niamey concernant le caractère « légal ou illégal » de bandes d’écoutes téléphoniques sur la base desquelles il est écroué, depuis le 20 septembre dernier, pour « complicité d’atteinte contre l’autorité de l’Etat ». La chambre d’accusation de la cour avait été saisie par le parquet après qu’un juge d’instruction a jugé ces enregistrements, où il communique avec les rebelles touaregs du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ), « non-conformes à la loi ». Elle a décidé ce mardi de rendre sa décision le 12 février prochain, après qu’un collectif de trois avocats a plaidé devant elle.
L’un d’eux, le Français William Bourdon, arrivé lundi à Niamey, s’est déclaré « confiant ». « Nous pensons que les magistrats vont nous entendre, il y a des arguments très forts en faveur de Moussa Kaka, le droit est de son côté », a-t-il déclaré à la presse. Avant de préciser : « Nous avions demandé que la Cour tire toute les conséquences du caractère irrégulier et illégal des écoutes téléphoniques, annule la procédure [judiciaire] et ordonne la mise en liberté provisoire de Moussa Kaka ».
Journaliste : la prison à vie ou la mort
C’est aussi ce mardi que Pierre Creisson et Thomas Dandois, les deux journalistes de la chaîne télévisée franco-allemande Arte, écroués en décembre dernier, doivent comparaître pour la première fois devant un juge d’instruction, à Niamey, a indiqué lundi leur avocat, Me Moussa Coulibaly. Ils sont accusés d’« atteinte à la sûreté de l’Etat » après avoir eux aussi pris contact avec le MNJ. Accrédités pour un reportage sur la grippe aviaire dans le centre-est du Niger, ils s’étaient rendus dans le nord pour réaliser un reportage sur les rebelles, que les autorités nigériennes considèrent comme des « bandits ».
A l’occasion de leur comparution, les images qu’ils ont tournées devaient être visionnées. Selon des sources militaires citées par l’AFP, celles-ci auraient choqué les autorités car elles montraient « des soldats à visage découvert et enchaînés » détenus depuis le 22 juin dernier par la rébellion, suite à l’attaque du poste de Tizirzet (435 Km au nord d’Agadez), qui avait provoqué la mort d’une quinzaine de soldats. Les deux journalistes, soutenus en France et au Niger par des syndicats et des associations de défense de la presse et des droits de l’homme qui réclament la clémence du président Tandja, risquent la peine de mort.
Un autre journaliste nigérien, Ibrahim Manzo Diallo, directeur de publication du bimensel Aïr Info, est également incarcéré depuis le 9 octobre, à Agadez, pour « association de malfaiteurs » et liens présumés avec les rebelles. Sa demande de liberté provisoire a récemment été rejetée. Comme Moussa Kaka, il risque la prison à vie.
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