Le Niger réagit à la levée de la suspension des importations par le port de Cotonou


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Le général Abdourahame Tchiani sur la télévision nationale nigérienne
Le général Abdourahame Tchiani sur la télévision nationale nigérienne

Ce mercredi, une annonce significative a été faite par le Directeur général du Port autonome de Cotonou : la levée de la suspension des importations en direction du Niger. Cette décision, intervenant deux mois après la mise en œuvre de la suspension, a rapidement suscité une réaction officielle des autorités nigériennes.

Les Nigériens ont très vite réagi à la décision des autorités du port autonome de Cotonou de lever la suspension des importations en direction de leur pays, deux mois après la mise en œuvre de la mesure de suspension. C’est de la Chambre de commerce et d’industrie du pays qu’est venue la réaction. En effet, l’institution s’est fendue d’un communiqué dans lequel elle exhorte les opérateurs économiques à « continuer à utiliser les ports et les corridors qui ont permis de desservir [le] pays depuis les événements du 26 juillet 2023 ».

La raison qui sous-tend cette position est très simple. Et le communiqué l’explique bien : « La Chambre de commerce et d’industrie du Niger rappelle aux opérateurs économiques que les sanctions illégales, injustes et iniques de la CEDEAO demeurent, notamment celles relatives à la fermeture des frontières, avec pour objectif le blocage des transactions commerciales » avec le pays.

Une position logique

La réaction de Niamey à la décision des autorités portuaires du Bénin se justifie bien puisque pour être véritablement opérationnelle, la décision de la reprise des importations en direction du Niger devrait s’accompagner d’une réouverture des frontières entre les deux pays. Et par conséquent, une réactivation du corridor Cotonou-Niamey, le plus court et donc le plus rentable pour les opérateurs économiques. Autrement, à quoi cela servira-t-il aux opérateurs économiques nigériens d’importer des marchandises via le Port autonome de Cotonou tout en sachant qu’avec les frontières fermées, ces marchandises ne pourraient être acheminées au Niger qu’à partir des pays voisins ?

Alors qu’ils savent bien qu’ils peuvent utiliser par exemple le port de Lomé et passer par le Burkina Faso, un chemin certes plus long, mais qui leur permet, depuis plusieurs mois, de contourner la fermeture des frontières de l’exutoire naturel du Niger qu’est le Bénin. Face à cette situation, le Président béninois, Patrice Talon, se voit confronté à un dilemme stratégique. Il peut choisir de mener une action de lobbying au sein de la CEDEAO pour accélérer la levée des sanctions, ou envisager de se désolidariser de l’institution régionale afin de privilégier les intérêts économiques de son pays.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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