Le mouvement « Tazartché » pour le maintien de Mamadou Tandja à la tête du Niger devra compter avec une opposition dont les rangs ne cessent de grossir. Après les partis politiques nigériens et la société civile, c’est la communauté des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao) qui a mis en garde le président nigérien contre ses velléités de rester au pouvoir au-delà de son second quinquennat. Début mai, le chef de l’Etat a annoncé son intention de convoquer un référendum en vue de modifier la loi fondamentale qui lui interdit de se représenter en 2009.
Le projet de Mamadou Tandja d’organiser un référendum en vue de modifier la Constitution de son pays, pour briguer un troisième mandat, ne sera pas une entreprise aisée. Le président nigérien a beau indiquer que son plan répond à la volonté du peuple, les oppositions à son ambition de se maintenir au pouvoir au-delà de 2009 ne cessent de se multiplier. Dernière en date, celle du Conseil des sages de la Cédéao, chargé de prévenir et de régler les conflits. Cette instance de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest qui s’est réunie ce week-end à Niamey, la capitale du Niger, a prévenu le président Tandja qu’il exposerait le pays à des sanctions s’il modifiait la Constitution à la veille de l’élection présidentielle. Cette dernière devrait se tenir le 14 novembre prochain, et selon la loi fondamentale nigérienne, Mamadou Tandja qui arrive au bout de son second mandat le 22 décembre ne pourra plus se présenter.
Les partisans du «Tazartché», c’est-à-dire de la continuité, justifient la nécessité du maintien du président nigérien par « son bilan positif » et « son sens de l’intérêt général ». Ils citent, entres autres, l’obtention par Mamadou Tandja du prix de vente de l’uranium nigérien à Areva. Mais pour Marou Amadou, « ce bilan est sélectif ». Le président du Fusad, le Front uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques (Fusad), joint par Afrik.com, estime que le président nigérien a échoué dans plusieurs domaines notamment ceux de l’éducation publique et de la santé publique. Il cite en exemple le récent limogeage de 2 500 enseignants. Selon M. Amadou, le président nigérien aurait tout intérêt à partir en décembre à la fin de son dernier quinquennat. « Les rapports de forces lui sont défavorables, affirme-t-il. Aucun parti politique ne soutient son projet. »
Trouver un moyen efficace de sauver la démocratie
Avant la Cédéao, c’est un de ses propres alliés qui a abandonné Mamadou Tandja. La Convention démocratique et sociale (CDS), un parti de la coalition au pouvoir au Niger et deuxième force politique du pays avec 22 sièges au Parlement, a annoncé, vendredi dernier, qu’il s’opposait à toute modification de la Constitution. Son leader, Mahamane Ousmane, qui est également l’actuel président de l’Assemblée nationale, s’est exprimé dans un communiqué largement diffusé dans le pays. « Même allié de la majorité présidentielle, le CDS refuse donc de cautionner le plan de forfaiture de son associé. Un acte politique qui jure avec ce suivisme servile et aveugle qui a pignon sur rue dans nombre de démocraties africaines », en a déduit Le Faso dans son édition de ce lundi.
Une semaine plus tôt, un autre parti de la coalition au pouvoir, l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ANDP), dirigé par Moumouni Djermakoye Adamou a mis en garde le président Tandja contre « une scission du pays ». « Si on n’y prend pas garde, a-t-il déclaré, le pays sera divisé en deux: d’un côté les républicains et de l’autre ceux qui veulent que M. Tandja reste au pouvoir ». « Nous avions lutté, a-t-il poursuivi, pour l’avènement de la démocratie. Il nous faut trouver les moyens efficaces pour la sauver ».
Le référendum pourrait se tenir en juillet prochain
Ces multiples avertissements suffiront-t-ils à décourager Mamadou Tandja ? « Le peuple demande que je reste, je ne peux pas rester insensible à son appel », avait-t-il déclaré, le 4 mai, juste après avoir inauguré la mine d’Imouraren dont le droit d’exploitation a été octroyé au groupe nucléaire français Areva. Il avait avancé que si la Constitution lui interdit un troisième mandat, elle autorise un toutefois référendum, ajoutant que, « c’est au peuple de décider ». Des sources proches de la présidence nigérienne citées par RFI, affirment que le référendum voulu par Tandja pourrait se tenir dès juillet prochain.
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