Niger : pourquoi Orano perd-il son permis d’exploitation de la mine d’uranium d’Imouraren ?


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drapeau du Niger grand

Le retrait du permis d’exploitation d’une grande mine d’uranium au Niger à l’entreprise française Orano a fait l’effet d’une bombe dans le secteur minier.

Alors que le géant français se préparait à relancer les activités sur ce site stratégique, les autorités nigériennes ont décidé de retirer le permis, suscitant de nombreuses interrogations. Voici un décryptage de cette décision inattendue.

Une décision brusque et inattendue

Le 20 juin, le Niger a retiré le permis d’exploitation de la mine d’Imouraren à Orano, malgré la reprise des travaux sur le site. La société française a exprimé sa surprise dans un communiqué, précisant que les infrastructures étaient rouvertes depuis le 4 juin 2024 pour accueillir les équipes de construction. Plusieurs dizaines de personnes travaillaient déjà sur place, et l’entreprise prévoyait d’employer à terme 800 personnes, y compris des sous-traitants.

Orano a toutefois indiqué sa volonté de maintenir le dialogue avec les autorités nigériennes et a laissé entendre qu’elle pourrait contester cette décision devant les instances judiciaires compétentes.

Imouraren : un gisement d’importance mondiale

La mine d’Imouraren est l’un des plus grands gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200 000 tonnes. L’exploitation de ce site aurait dû commencer en 2015, mais la chute des prix de l’uranium après la catastrophe de Fukushima en 2011 avait retardé le projet. Environ un quart de l’approvisionnement en uranium des centrales nucléaires européennes provient du Niger, qui est le deuxième fournisseur après le Kazakhstan.

Le contexte politique et économique

La décision de retirer le permis d’Imouraren intervient dans un contexte de tensions entre Paris et Niamey. Le régime militaire nigérien, en place depuis juillet 2023, a plusieurs fois exprimé son désir de revoir le système d’exploitation des matières premières par des compagnies étrangères. Cette volonté de souveraineté et de contrôle accru sur les ressources naturelles semble être un facteur clé derrière la décision de retirer le permis à Orano.

Selon une note du ministère des Mines nigérien, datée du 11 juin, Orano devait commencer les travaux d’exploitation dans un délai de trois mois après le 19 mars 2024. Bien que des travaux préparatoires aient été lancés récemment, cela n’a pas suffi à convaincre les autorités. Orano avait déjà reçu une mise en demeure en février 2022 pour reprendre les travaux, mais les retards accumulés ont probablement pesé dans la balance.

Conséquences pour Orano et le Niger

Orano, qui exploite également la mine de Somaïr dans la région d’Arlit, se retrouve dans une position délicate. La perte du permis d’Imouraren pourrait impacter significativement ses opérations au Niger. Toutefois, l’entreprise reste disposée à communiquer avec le gouvernement nigérien et à défendre ses droits devant les juridictions compétentes.

Pour le Niger, cette décision pourrait être une occasion de redéfinir ses partenariats miniers. En cherchant de nouveaux alliés, notamment avec la Russie ou l’Iran, Niamey semble vouloir diversifier ses collaborations et renforcer son indépendance économique.

L’avenir de l’uranium nigérien

Le Niger, qui fournit 4,7 % de la production mondiale d’uranium, joue un rôle crucial dans l’approvisionnement des centrales nucléaires européennes. Alors que le pays cherche à restructurer ses relations avec les entreprises étrangères, la manière dont cette situation évoluera reste à surveiller de près. D’autres entreprises, notamment chinoises, australiennes, américaines et russes, pourraient profiter de cette redistribution des cartes pour s’implanter davantage dans le secteur minier nigérien.

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