Quatre jours après l’enlèvement dans le nord du Niger, les sept employés des sociétés françaises Areva et Vinci n’ont toujours pas donné signe de vie. Une polémique a éclaté sur la qualité de la protection que leur avaient fourni Areva et les autorités nigériennes. L’armée mauritanienne a mené ce week-end une offensive meurtrière contre des unités d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dans le nord du Mali, où les otages seraient cachés. Paris affirme n’avoir pas participé aux combats, mais ne veut pas ménager ses efforts pour retrouver les otages. La capitale française a dépêché à Nouakchott 80 militaires et trois avions de reconnaissance.
Situation confuse pour les sept salariés des groupes français Areva et Vinci, kidnappés jeudi à Arlit, dans le nord du Niger. Quatre jours après leur enlèvement, aucune information n’a filtré sur leur sort, alors que parallèlement l’armée mauritanienne a mené ce week-end, une action d’envergure contre des unités d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), au nord-est du Mali, où les otages auraient été transférés. « Nous n’avons malheureusement pas de nouvelles depuis le début de cet enlèvement », a déclaré lundi sur Europe 1, Jacques-Emmanuel Saulnier, le porte-parole d’Areva. « Toute la société est solidaire, attentive et mobilisée autour des autorités françaises, nigériennes et celles de la zone (d’Arlit) pour dénouer le plus rapidement la situation », a-t-il ajouté.
Employés d’Areva et de Sogea-Satom, filiale BTP pour l’Afrique du groupe Vinci, les sept otages (cinq Français, un Malgache et un Togolais) ont été enlevés jeudi dans la cité minière d’Arlit, dans le nord du Niger. Ils auraient ensuite été transférés dans une zone montagneuse dans le désert du Sahara, du côté malien.
Polémique sur la qualité de la sécurité fournie aux employés
Cette prise d’otage n’a toujours pas été revendiquée, même si Paris soupçonne l’Aqmi d’en être l’auteur. Une des questions les plus pressantes soulevées après ce nouvel enlèvement de citoyens français concerne l’efficience des mesures de sécurité prises en leur faveur par les groupes Areva et Vinci, leurs employeurs au Niger. Niamey a en effet accusé Areva d’avoir préféré des agents civils sans armes à feu aux militaires pour protéger ses employés. Un des otages, l’ingénieur martiniquais Thierry Dol âgé de 28 ans et travaillant pour l’entreprise Vinci, avait d’ailleurs indiqué avant son enlèvement qu’il se sentait menacé et avait demandé à être rapatrié.
Côté Areva, l’accusation a été jugée sans fondement, mais a été reconnu « un ensemble de complicités, de défaillances» ayant facilité la prise d’otages. « Il y a des choses faites par Areva que nous déléguions à des sociétés privées comme n’importe quel groupe le fait et puis il y a ce que met en place le gouvernement du Niger: des opérations de police, de la gendarmerie et de l’armée (…) Dans ce pays comme dans n’importe quel pays du monde nos gardes sont armés», a expliqué Jacques-Emmanuel Saulnier, lors de son passage sur Europe 1. Il a ajouté que les agents de sécurité étaient armés. Des explications qui n’ont pas suffi à éteindre la polémique sur la sécurité des travailleurs dans cette zone en proie aux assauts des islamistes. Pour avoir mis en cause le dispositif de sécurité nigérien dans la région du rapt, lors d’une intervention samedi sur la chaîne de télévision France 24, Moussa Aksar, le directeur du magazine nigérien L’Evénement a été interpellé le lendemain par les services de renseignement nigérien qui ne l’ont libéré que plus tard le même jour. Dans ce contexte, Areva a décidé de rapatrier tous ses employés français du Niger, dont le premier groupe a regagné la métropole vendredi.
Paris joue la prudence
A Paris, on se dit déterminé à libérer les otages. Mais après le fiasco de la tentative de libération de Michel Germaneau, la capitale française semble avoir opté pour la prudence, dans sa stratégie. L’armée tricolore n’aurait ainsi pas directement participé à la dernière offensive menée par l’armée mauritanienne dans le nord du Mali, à une centaine de kilomètres au nord de Tombouctou. Les combats qui ont duré trois jours, de vendredi à dimanche, auraient fait douze morts côté islamistes et huit côté militaires mauritaniens. Bien que le Mali ait autorisé les opérations contre les djihadistes de l’Aqmi sur son territoire, Bamako a vivement condamné les raids menés par l’armée mauritanienne au cours de cette opération, après que deux civils maliens ont été tués, et quatre autre blessés.
« On ne va pas communiquer sur les éventuelles mesures prises par la France pour libérer ses otages, mais on ne reste bien évidemment pas les bras croisés… », a indiqué le Nouveau porte-parole de l’état-major des armées (EMA), le colonel Thierry Burkard. Pour le ministre français de l’Education et porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, Paris apporte « un soutien technique » à Nouakchott. Quatre-vingt militaires des forces spéciales françaises répartis en cinq équipages ont ainsi rejoint la capitale mauritanienne. Dans le même temps, l’armée tricolore, qui a reçu l’autorisation pour la première fois l’autorisation d’utiliser l’espace aérien mauritanien, effectue des missions de surveillance aérienne. Elle dispose pour cela de trois avions de reconnaissance, des « Bréguets atlantique » dont l’un vient du Sénégal où il était stationné.
Les proches des otages espèrent les voir revenir saints et saufs. A Paris, le gouvernement a mis en garde lundi sur la possibilité d’un attentat « imminent » d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en France.