Niger : neuf proches de Bazoum déchus de leur nationalité


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Mohamed Bazoum, Président déchu du Niger
Mohamed Bazoum, Président déchu du Niger

Le Niger fait face à une crise politique majeure. Neuf proches de l’ancien président Mohamed Bazoum ont perdu provisoirement leur nationalité. La décision a été prise par décret du chef de la junte militaire, Abdourahamane Tiani, le 10 octobre 2024.

Cette mesure suscite de vives critiques, notamment de la part des défenseurs des droits de l’Homme. Quelles en sont les véritables motivations ?

Accusations de complot contre l’État et critiques internationales

Le décret a surpris le pays. Les neuf personnes concernées sont accusées de complot et d’intelligence avec des puissances étrangères. Parmi elles figurent Amadou N’gade Hamid, ancien conseiller de Bazoum, et le général Mahamadou Abou Tarka. Elles figureraient dans un fichier répertoriant des individus soupçonnés d’actes de terrorisme ou de menaces contre les intérêts stratégiques du Niger.

Des organisations de défense des droits de l’Homme ont rapidement dénoncé la mesure. Elles la qualifient de violation des engagements internationaux du Niger. Moussa Tchangari, secrétaire général d’Alternative Espaces Citoyens, juge cette décision « très grave« . Elle contrevient, selon lui, à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, qui interdit de rendre une personne apatride. Cependant, certains au sein des autorités affirment que les concernés ont eux-mêmes renoncé à leur patrie. Cela justifierait, selon eux, la déchéance de leur nationalité.

Une mesure pour museler l’opposition ?

Pour de nombreux observateurs, cette décision dépasse le cadre juridique. Elle vise avant tout à affaiblir l’opposition. Cela envoie un message fort aux dissidents. Cette stratégie est déjà utilisée par d’autres régimes militaires dans la région, comme au Mali et au Burkina Faso. Elle permet de renforcer le contrôle sur les critiques en les isolant juridiquement et politiquement. Le journaliste burkinabé Newton Ahmed Barry voit dans cette décision une tentative de discréditer les opposants. Ils sont ainsi présentés non plus comme des adversaires légitimes, mais comme des traîtres.

Des conséquences potentiellement durables

La déchéance de nationalité est pour l’instant provisoire. Elle pourrait cependant devenir définitive si ces personnalités sont condamnées à une peine d’au moins cinq ans de prison. Certains, comme Amadou N’gade Hamid, estiment que cette décision reflète une réalité qu’ils vivent déjà. Ils sont empêchés de rentrer au Niger ou d’obtenir des documents administratifs.

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